L’idée a germé il y a un peu moins d’un an. Régater au-delà des eaux caribéennes. Au terme d’une saison florissante pour la Team Voile GFA Caraïbes. Un 6e titre consécutif de champion de la Martinique en Surprise, une triple victoire à la Grenada Sailing Week, puis la Heineken Regatta de Saint-Martin, suivi de la Antigua Sailing Week, après 3 saisons où les podiums et les succès étaient déjà au rendez-vous de la jeune équipe.
À la tête de l’équipage Tristan Marmousez le skipper barreur. Il est aussi le président de l’association La Morrigane, du nom de leur voilier. Une association qui a pour but de faire découvrir la voile sportive sur bateaux habitables et de former un équipage compétitif pour participer aux régates de la Caraïbe.
Tristan Marmousez, Erwan Renoult et Mathieu Bidault sont des trentenaires, qui depuis l’enfance ou l’adolescence ont fréquenté les mêmes lycées ou les mêmes clubs de voile de la Martinique.
La passion commune pour la navigation et la compétition les réunit très vite sur ce projet. Préparer un bateau, chercher des sponsors, passer le week-end et ses congés à s’entraîner ou à régater. Petit à petit l’équipage s’étoffe, le Surprise s’équipe et les résultats suivent.
Nos objectifs de briller sur la Caraïbe ont été atteints en 2023 alors pour récompenser ces belles victoires on voulait de nouvelles expériences. Participer à ce bol d'or, la plus grande régate du monde sur bassin fermé, celle où il y a le plus de Surprises engagés, c’est se confronter à de nouveaux concurrents et à de nouveaux plans d'eau.
Tristan Marmousez skipper et président de l’association la Morrigane
Parmi les derniers arrivés dans l’association, deux seront le 16 juin au départ du Bol d’or du Mirabaub en Suisse. Car il a fallu limiter à cinq le nombre d’équipiers.
À 23 ans, Laszlo Dubois est le plus jeune de l’équipe. Il rejoint le groupe il y a moins d’un an, sans forcément connaître cet exercice de la course-croisière. Mais le jeune homme a été formé au club nautique Le Neptune au Lamentin.
Dès ses 5 ans à l’optimist, la planche à voile, le laser, puis adolescent sur catamaran de sport les Formules 18. Son agilité et son sens de l’équilibre ont vite été mis à profit par l’équipage du GFA-Caraïbes, pour devenir le Numéro 1 à l’avant du bateau, celui qui gère les changements de voile.
Au piano, le poste de gestion des bouts pour border ou choquer les voiles au moment des manœuvres, on retrouve Alexis Étienne. Membre de l’équipe depuis 2020, il s’y est découvert une passion pour la mer et la régate. Lui aussi a débuté à l’école primaire l’initiation à l’optimist puis la Planche à voile. L’élève de l’école de formation maritime de Trinité est désormais certain de vouloir faire de "la mer" son métier.
Régater c’est la liberté, la compétition, la vitesse, c'est aller chercher les meilleures performances pour soi et pour l'équipe … Alors pouvoir aller jusqu'en Suisse et pouvoir y montrer ce qu’on sait faire en Martinique, c'est une superbe expérience qui confirme en plus, mon choix professionnel de marin
Alexis Étienne, équipier sur le GFA-Caraïbes
Le bol d’or du Mirabaud : la plus grande course de voile en eau fermée d’Europe
Le bol d’or du Mirabaud, est une course qui regroupe aussi bien des amateurs que des professionnels. Des grands noms de la voile internationale s’y sont mesurés. Des Franck Cammas, Loïc Peyron, Alain Gautier, Michel Desjoyeaux sont venus soulever le trophée.
Depuis 1939, c’est le rendez-vous incontournable pour les régatiers. Un parcours d’Ouest en Est de 132 miles, aller-retour sur le Lac Léman. Près de 600 bateaux au départ, à la même heure, toutes catégories confondues, monocoques et multicoques.
La flotte la plus nombreuse de ce Bol d’Or, c’est celle des Surprises. Une centaine d’inscrits en moyenne. Ces petits monocoques de 7,65m ont beau avoir été dessinés en 1977, ils ont toujours la côte pour les marins.
Le Léman réputé pour ses vents légers
Taillés pour la course côtière ou le match-racing, réactifs dans les petits airs, ils ont l'avantage d'être performants tout en respectant un budget limité et abordable. Pas de course à l’équipement. Et puis surtout on court en monotypie, c’est-à-dire tous à armes égales avec une jauge d’équipement à respecter.
Pour y participer, les Martiniquais y travaillent depuis 9 mois. Organiser le budget, convaincre leur sponsor principal qui finance les déplacements de l’équipe et du matériel, trouver un bateau de location sur place qu’ils découvriront 4 jours avant la course.
Ils vont aussi devoir appréhender un nouveau plan d’eau et les spécificités d’une navigation sur lac. Particulièrement sur le Léman réputé pour ses vents légers et son eau plate, mais aussi pour ces changements de météo en moins de 24h, comme lors de l’édition de 2019 où des rafales de 60 nœuds ont secoué la flotte à mi-parcours.
Des conditions inédites avec lesquelles ils devront composer, sur une régate non-stop de + de 24heures, durée là aussi inédite pour les Martiniquais.
Quant aux organisateurs du Bol d’or et aux autres "surprisistes" engagés, ils ont d’abord été intrigués par la présence d’un équipage Antillais dans leur catégorie.
Au milieu de Suisses, d’Allemands, d’Italiens et bien sûr de Français de l’hexagone, la participation des Martiniquais ne passe déjà pas inaperçue.
Des liens de solidarité ont déjà vu le jour pour aider les îliens dans leur logistique de déplacement. Des échanges entre marins, que Tristan Marmousez et tous les membres de l’association espèrent pouvoir voir se renouveler. C’est en tout cas le vœu du skipper, de voir ces échanges se nouer jusqu’en Martinique.
La participation de Martiniquais à une régate Suisse, débouchera peut-être un jour, sur la participation de ces “voileux” Européens à une régate martiniquaise.