Les lumières de la rampe n'ont pas l'habitude d'éclairer les parcours des salariés de France Télévisions. Une habitude bien française de ne pas parler de soi, par pudeur sans doute.
Mais la nomination de la directrice de Martinique la 1ère à la tête de France 3 Paris Île-de-France mérite d'être relevée.
A 56 ans, Yolaine Poletti-Duflo est la première femme originaire d’un territoire d'Outre-mer à être nommée à la tête de l'une des directions régionales de France 3. Elle dirigera à partir du 4 janvier 2021, France 3 Paris Île-de-France qui rayonne sur 8 départements, soit un territoire de 12 000 km² et plus de 12 millions d'habitants dans un secteur audiovisuel concurrentiel fort, local, régional et national.
Cette proposition m'a été faite il y a tout juste une semaine, je ne m'y attendais pas du tout. J'avais 48 heures pour donner ma réponse, mesurer le challenge qui m'attend et bien sûr prendre une décision en accord avec ma famille.
Une décision qui ne se prend pas à la légère mais pour Yolaine Poletti-Duflo, journaliste de formation (diplômée de l'école supérieure de journaliste de Paris et du Studio École de France), la mobilité fait partie de ses gênes comme elle devrait faire partie des gênes de toute une profession.
La mobilité est indispensable ... Nous devons à chaque fois refaire nos preuves et trouver rapidement notre place. C'est ainsi que nous nous enrichissons d'autres codes, des autres, d'autres méthodes sur d'autres projets. Humainement aussi, les territoires que j'ai pu découvrir au fil du temps m'ont beaucoup appris. Tout est défi dans la vie. J'ai accepté la proposition qui m'a été faite avec humilité.
Un regard sur tous les continents
Sans aucun doute le caractère bien trempé de Yolaine Poletti-Duflo, son excellence à faire bouger les lignes dans des situations délicates, sa conduite du changement en équipe et avec les instances syndicales ont fait émerger le nom de cette femme de caractère (d'aucuns diraient une main de fer dans un gant de velours) au-dessus de la mêlée.
De ses trois années à la tête de Martinique la 1 ère, on retient d'abord le transfert du site emblématique de Clairière à la Tour Lumina à Fort-de-France.Un défi technologique mais aussi et surtout humain.
Il y a aussi, une diffusion du Tour des Yoles modernisée et plus interactive avec les téléspectateurs et internautes, la traduction des journaux en langue des signes grâce à une équipe technique inventive et efficace et un accompagnement au développement de l'information régionale. Progression des parts d'audience des journaux télévisés de 13 heures et de 19 heures et de la radio mais aussi accompagnement au développement de l'information numérique, stratégie de la tutelle de France-Télévisions.
Aucune mission ne se passe sans embûche. Ce qui compte est d'être accompagné de référents solides et de donner un cap. Les objectifs peuvent ne pas être communs mais une station ne doit pas rester statique. Elle doit constamment s'adapter aux évolutions technologiques et aux habitudes de ses publics devenus très versatiles en raison d’une concurrence croissante et diverse. L’autre enjeu est à chaque fois de faire adhérer les équipes aux projets. Pour cela il faut de l'empathie et beaucoup d'écoute car on ne mène pas un projet seule avec une baguette.
De ses différents horizons, Paris, la Guadeloupe, la Martinique, la Nouvelle-Calédonie pour France Télévisions ou privé (RCI), de journaliste pigiste à directrice en passant par la case responsable d'édition, grand-reporter, rédactrice en chef adjointe et rédactrice en chef puis directrice d'antenne, Yolaine Poletti-Duflo a commencé sa carrière à France Télévisions en 1986.
Au fil des postes, elle a trouvé son style et sa marque de fabrique en quelque sorte.
L'important est de construire un cœur solide et d'œuvrer pour proposer des contenus innovants. Le numérique à Martinique La 1 ère en est un exemple. C'est un changement et un travail de longue haleine mais il correspond aux attentes de nos publics. Ce dossier là je l'ai pris à bras-le-corps aussi parce-qu’il représente un challenge pour le Groupe France Télévisions et un avenir pour nos stations. D'ailleurs, le web et les réseaux sociaux de Martinique La 1 ère sont leader sur l'ensemble des plates-forme de France-Télévisions en Outre-Mer. 3 940 431 visites sur le site et l'application de Martinique la 1ère en novembre 2020 !
Compétences et diversité
Si France Télévisions a fait de la diversité l'un de ses atouts forts, l’entreprise s’appuie aussi et surtout sur des compétences. La journaliste martiniquaise Karine Baste-Régis, joker de l'info à France 2 en est un exemple récent.
Humilité, travail et rigueur sont les trois piliers d'une réussite avant tout dans une entreprise audiovisuelle qui emploie 9 000 salariés.
Sur une autre chaîne privée, le martiniquais Harry Roselmack brille aussi par ses talents de journaliste et d'animateur.
Relever les défis pour ces femmes et hommes ultra-marins n'est pas un vain mot. Si les stations ont toutes le même sens de l'information, les us et coutumes d'une région à l'autre sont à intégrer.
Et parfois aussi les clichés que l'hexagone peut porter sur les compétences des ultra-marins ont la vie dure.
Deux défis majeurs au moins attendent Yolaine Poletti-Duflo, la régionalisation de France 3 Paris Île-de-France au même titre que les autres stations régionales de la chaîne et la valorisation de l'Outre-mer.
Un pont entre l'Outre-mer et l'hexagone que va franchir Yolaine Poletti-Duflo dans quelques jours avec sa famille.