Zone de mouillage organisée de Saint-Pierre : professionnels de la mer, riverains et associations font front contre le projet

La baie de Saint-Pierre
Le projet d’aménagement de la zone de mouillage organisée de Saint-Pierre continue de faire des vagues dans la petite commune du nord de la Martinique. Le projet porté par Cap Nord, qui prévoit l’installation d’une centaine de bouées d'amarrage pour les plaisanciers, suscite toujours la colère des professionnels de la mer, des associations écologistes, des habitants de la commune et des élus. Les travaux, lancés en décembre 2023, ont été suspendus.

“On ne peut pas travailler”, déplore Oliver Jean-Louis, le président de l'association des marins pêcheurs de Saint-Pierre.

Les professionnels de la mer ne décolèrent pas contre le projet d’aménagement de la zone de mouillage organisée dans la rade de Saint-Pierre.

Initié en 2012, il prévoit l’installation d’une centaine de bouées d’amarrage dans la baie de la ville d’art et d’histoire, en plus des 80 déjà existantes.

Dans ce bras de fer contre les pouvoirs publics et notamment Cap Nord, les professionnels sont soutenus par l’Assaupamar, l’association écologiste qui est montée au créneau en organisant une manifestation à l'Hôtel de Ville de Saint-Pierre mercredi (17 janvier).

Étant donné qu’il y a la loi des 300 mètres pour la plaisance, on voudrait que ces personnes avec leurs bouées, leur mouillage, puissent reculer pour permettre les autres activités. 

Rosalie Gaschet, présidente de l’Assaupamar


interrogée par Irène Émonides et Christelle Sivatte

Selon les professionnels de la mer, ces bouées perturbent leurs activités.

À proximité du centre nautique, ils ont déjà posé à peu près une trentaine de bouées qui sont exactement en face de l’espace où j’évolue avec, notamment des enfants. L’initiation de niveau 1, qui se fait à partir de la plage, devient carrément dangereuse surtout par rapport au sens des courants et des vents qui ont tendance à ramener vers le Prêcheur, c’est-à-dire, vers le Nord.

Jean-Paul Maurice, président du club nautique de Saint-Pierre


interrogé par Irène Émonides et Christelle Sivatte

Outre les collectifs de citoyens et les associations, les usagers et professionnels de la mer ont reçu le soutien du député Marcellin Nadeau. Dans un courrier adressé à Bruno Nestor-Azerot, le président de la Communauté d’agglomération du Nord, le parlementaire réitère sa “demande de suspension de ce chantier de ZMO et de relance de la concertation”.

En effet, il se répond dans la population pierrotine le sentiment d'une Inéquitable “mise en tourisme” de leur rade au détriment des autres usages de la mer et en particulier de la pêche côtière une activité nourrissant directement ou indirectement de nombreuses Pierrotines, de nombreux Pierrotains et de nombreux.e.s habitant.e.s du Nord Caraïbe.

Marcellin Nadeau, député

"C’est au terme d’un consensus qu’un accord est intervenu"

Dans un communiqué en date du 16 janvier, Bruno Nestor-Azerot, indique que l’opération a "fait l’objet d’un dossier technique dans les règles de l’art et d’une très large concertation avec les marins-pêcheurs".

"C’est au terme d’un consensus qu’un accord est intervenu en tenant compte des doléances des professionnels de la mer", ajoute le président de Cap Nord.

Cette infrastructure dans la baie de Saint-Pierre est indispensable pour des raisons évidentes d’harmonisation de l’espace maritime dans la baie pour une meilleure protection de la faune et la flore marines. Ces zones de mouillages vont aussi favoriser le développement économique de la ville de Saint-Pierre et par voie de conséquence de tout le territoire Nord.

Les services de l’État, qui financent le projet à hauteur de 80%, indiquent que la Zone de mouillages organisés de Saint-Pierre "a vocation à organiser, encadrer, mais aussi maîtriser et limiter une activité de tourisme nautique structurante ayant une emprise sur une mer partagée".

Selon la préfecture, elle permet notamment de :

  • protéger l’environnement marin, la biodiversité et ses habitats en luttant contre le phénomène de frottement des ancres et des chaînes des navires ;
  • choisir chaque zone en fonction de la nature des fonds sous-marins ;
  • lutter contre les pollutions marines en organisant la gestion des déchets ;  
  • renforcer la sécurité des approches maritimes avec des solutions sûres de mouillage comme pour le territoire, grâce à une meilleure identification de l’arrivée des navigateurs. Lutter contre les vols par une meilleure surveillance des points de mouillage et des accès ; organiser le contrôle du mouillage en dehors de la zone réglementée et donc prévenir une expansion non organisée néfaste aux autres activités ;
  • générer des recettes au titre de redevances pour l’entretien et les charges ;
  • développer des services dans le but de dynamiser et de diversifier une économie bleue durable et responsable sur le territoire.

Les travaux d'installation des bouées, lancés en décembre 2023, ont été suspendus. Selon un communiqué de Cap Nord, les discussions entre les partis devraient bientôt reprendre.