Mayotte, tortues en danger

Tortue verte échouée à la plage de Moya mangrove
84% des tortues marines retrouvées mortes en 2012 ont été braconnées
Les acteurs qui s’occupent des mammifères marins et des tortues marines retrouvés, sur les rivages de Mayotte, publient un bilan chiffré très détaillé sur les causes de mortalité ou de détresse de ces animaux. 
Selon un communiqué de presse du REMMAT (Réseau Echouage Mahorais de MAmmifères marins et de Tortues marines), le braconnage serait, à Mayotte, la principale cause de mortalité des tortues marines, espèces protégées sur l’ensemble du territoire national par la législation française.

La double barrière de corail, les vastes prairies sous marines et ses nombreuses plages font du lagon de Mayotte un site d’exception pour la croissance, l’alimentation et la nidification des tortues marines. Sur notre planète, rares sont les sites où il est possible d’observer avec autant de facilité ces espèces emblématiques pourtant menacées d’extinction à l’échelle mondiale. Il est urgent de prendre conscience de notre chance et de faire du lagon de Mayotte un site de référence en termes de protection des tortues marines. 
 

Le bilan annuel 2012 du REMMAT  : des menaces avérées

  •  Le braconnage : première cause de mortalité des tortues marines de Mayotte

En 2012, 170 cas de tortues marines mortes ou en détresse ont été recensés, soit le double de l’année 2011. Cette augmentation est certainement liée à la participation croissante du public dans le recensement des cas d’échouage. Sur ces 170 cas, 114 tortues ont été retrouvées mortes. La cause de la mort n’a pas pu être déterminée pour 13 cas, mais pour les autres, trois catégories de cause de mortalité ont été mises en évidence : le braconnage, l’attaque par des chiens errants et la mort d’origine naturelle. En 2012, au moins 84 % des tortues retrouvées mortes sont des cas avérés de braconnage. 

Le braconnage est défini comme le prélèvement illégal de l’animal, qu’il ait lieu à terre ou en mer. Ainsi la capture, la mutilation, le transport, le commerce, la détention et la consommation de tout ou partie d’une espèce protégée sont des pratiques illégales et sont passibles des peines de 15 000 euros d’amende et d’une année de prison (peine aggravée en état de récidive légale). Outre la saisie et la destruction de la viande, les véhicules et bateaux sont également saisissables en application du Code de l’Environnement. Par ailleurs, il est à rappeler que la consommation de la viande de tortue marine présente des risques d’intoxication sévères, voire mortelle.

Ces informations concrètes et quantifiées entérinent les observations faites depuis plus de 10 ans et confirme la nécessité de renforcer les moyens d’action pour une lutte plus efficace contre cette pratique illégale. Les actions de protection et de contrôle sur les sites de ponte sont hautement prioritaires pour la conservation des tortues marines à Mayotte.

  • Les autres points de vigilance

Le REMMAT conclut également qu’il est urgent de prendre des mesures pour réguler la population de chiens errants dans les secteurs les plus affectés par cette problématique, tels Petite-Terre et Saziley. La pose régulière de cage-pièges et le transfert des chiens capturés vers la fourrière pourraient constituer une première mesure.

Par ailleurs, la pêche accidentelle (par ligne et filet de pêche) est une menace réelle : en 2012, les tortues recueillies vivantes par le réseau étaient toutes des juvéniles. Il est important de préciser que toutes les espèces de tortues marines ont un régime alimentaire omnivore au stade juvénile et peuvent donc être attirées par les appâts sur les lignes de pêche. En de telles situations, contactez immédiatement le REMMAT qui vous indiquera la procédure à adopter, la survie de la tortue en dépend !

Enfin, l’année 2012 a été marquée par l’échouage de 4 dauphins (dont 3 morts) au cours du mois d’avril, un nombre plus élevé en comparaison des années précédentes. Les rapports d’autopsie ont permis d’établir qu’il n’y avait pas de lien entre ces échouages. Les observations concernant les causes d’échouage des mammifères marins sont à poursuivre pour obtenir des résultats probants.