3 catégories de taxis clandestins

Les chauffeurs de taxis clandestins se sont imposés sur les routes de Mayotte
Les taxis clandestins font partie des moyens de transport les plus actifs à Mayotte. Les forces de l’ordre font la traque, mais les fraudeurs font preuve de beaucoup d’imagination. Les clients ferment les yeux, quand ils ne sont pas « complices. »

Les taxis clandestins se portent bien. Les clients sont nombreux et ne font pas les difficiles. Rien ne les distingue des voitures des particuliers. Ce lundi matin, Houmadi fait son itinéraire habituel. Il part de Chirongui et rejoint Mamoudzou.

Comme son automobile n’a pas de signalétique, ni de lumineux de taxi, il ralentit à chaque fois qu’il aperçoit une personne au bord de la route. « Ils savent que je fais taxi comme-çà. »

Et le manège va durer tant qu’il restera une place dans la petite voiture flanquée de son autocollant d’apprenti conducteur. « Cela provoque une certaine indulgence chez les gendarmes » avoue-t-il en riant.

Justement, à propos de forces de l’ordre, Houmadi confie qu’il compte beaucoup sur l’aide des clients : « en général, ils jouent le jeu et disent aux gendarmes que je les ai pris en stop. Alors, ils me laissent repartir tout simplement ». Mais, il arrive qu’un client le dénonce : « Alors, mes passagers doivent descendre et se trouver un taxi régulier. Moi j’écope d’une amende, et parfois, on est convoqué à la caserne. »

Houmadi s’estime chanceux. Il est titulaire d’un permis de conduire et d’une carte de séjour valide. D’autres chauffeurs de taxis clandestins n’ont pas de papiers valables et risquent à chaque sortie dans la rue de se faire arrêter et reconduire aux frontières.

Arrivé à Mamoudzou, Houmadi m’explique qu’il a une catégorie de chanceux parmi les taxis clandestins : « Ceux-là ont le permis, la carte de séjour longue durée et leur propre voiture. Ils vont louer une licence à un titulaire d’une licence de taxi. Ils travaillent et lui reverse une partie du bénéfice. C’est mon rêve. »

Travailleurs au noir, souvent situation irrégulière, les taximen clandestins se définissent comme un mal nécessaire. Leurs collègues légaux ne partagent forcément pas cette vision-là, eux qui doivent s'acquitter de nombreuses taxes et être titulaire d'une licence. Un taximan de Mamoudzou affirme que les usagers ont un rôle à jouer. "Ils doivent cesser de prendre les taxis mabawas, sinon ils les encouragent."