L’enfance comme fil rouge
Pour Jarre Jary Ascandari, ce recueil est né d’un besoin profond, "Donner du sens à un présent qui n’en avait plus". L’enfance y est omniprésente, non pas comme un simple souvenir, mais comme une force qui façonne l’adulte. "C’est un retour à l’enfance, mais aussi un dialogue avec ses voix plurielles", explique-t-il. Entre blessures enfouies et paroles gardées à jamais, Clin d’œil aux ténèbres donne une place à l’enfant oublié, à celui dont la voix ne porte pas.
"Dans notre société, la parole de l’enfant n’est pas toujours prise en compte, elle n’a pas forcément l’espace pour être entendue. C’est ce manque d’écoute qui crée des souffrances invisibles mais qui sont bien réelles", confie-t-il. À travers ses poèmes, l’auteur interroge le rôle de l’adulte face à ces silences imposés.
Un seul monde, entre intime et universel
Si le "je" occupe tout le recueil, il ne faut pas pour autant le lire comme une simple confession intime. "Il y a une voix personnelle, mais aussi une voix qui parle à l’universel", précise l’auteur. Le poète, en exposant ces blessures d’enfance, ne cherche pas seulement à raconter la sienne, mais à toucher un public plus large.
L’écriture devient alors un pont entre passé et présent, entre intime et collectif. "Quand il n’y a plus rien, c’est là que doit naître l’acte d’écriture", cite-t-il, en reprenant les mots de l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau.
Un titre qui pique la curiosité
Le titre évocateur, Clin d’œil aux ténèbres, intrigue. "Le clin d’œil, c’est l’instant où l’on traverse l’obscurité, où l’on est aspiré par ce qui nous dépasse", explique Ascandari. Pour lui, l’enfance correspond à une période fragile de l'existence où tout se joue. "Lorsque l'enfance n’est pas protégée, elle dicte la vie de l’adulte qu’on devient."
Ce recueil est une manière de donner un sens aux blessures du passé, mais aussi d’offrir un espace d’interprétation aux lecteurs. "Un titre doit intriguer, créer un jeu entre le poète et son lecteur", ajoute-t-il.
La suite ?
Si la poésie lui plaît et l'inspire, Jarre Jary Ascandari ne compte pas s’y limiter pour autant. Il rêve de roman, qui est le genre dont il se nourrit le plus, mais aussi d’audiovisuel. "Je ne veux pas m’enfermer dans un seul genre littéraire. Être artiste, c’est dépasser les frontières établies."
Récemment publié aux éditions Project'îles, Clin d’œil aux ténèbres, est un recueil marquant qui a pour objectif d'inspirer un large lectorat et d'inciter les Mahorais à se diriger vers l'art de la poésie.