Coronavirus : limiter les déplacements est vital pour Mayotte

Vue de la ville de Mamoudzou à Mayotte
Ce lundi soir, le président Emmanuel Macron a été très clair, à partir de 12h, heure de métropole, soit 14 heures, heure de Mayotte, les gens devront rester confiner chez eux. Les déplacements sont réduits et ramenés au strict minimum et ce durant 15 jours. 
Cette mesure de confinement s’applique bien évidemment à Mayotte a martelé le préfet du département Jean-François Colombet. Invité dans Matin 1ère, l’émission de Mayotte la 1ère, le représentant de l’état a aussi précisé une autre mesure concernant les personnes en provenance de la métropole. Elles seront en quatorzaine a souligné le préfet ; se faisant insistant il a rappelé que « ces personnes devront subir une mise en quatorzaine ; concrètement ça veut dire qu’elles devront rester soit sur leurs lieux de villégiature, soit à leur domicile pendant 14 jours ». Cela veut dire que ces personnes-là ne bénéficieront pas de la mesure de dérogation pour aller faire des courses alimentaires, aller chez le médecin ou au travail, si impossibilité de faire du télétravail. Tous les autres déplacements sont strictement interdits. Les forces de sécurité intérieure seront là pour faire respecter ce dispositif. Avec l’appui des policiers municipaux qui seront aussi mis à contribution. « Demain nous serons beaucoup plus coercitifs » a déclaré le préfet ; « il est absolument indispensable de l’être si nous voulons empêcher que le virus circule à Mayotte. Nous avons les effectifs nécessaires pour inciter les gens à respecter confiner chez eux » selon le préfet.
 

Les liaisons aériennes maintenues

Pour empêcher le virus de circuler ou même pour éviter tout cas importé, beaucoup demandaient la suspension des liaisons aériennes entre Mayotte et l’hexagone. Le retour de vacanciers en provenance de la métropole était craint par beaucoup ; en effet jusqu’à présent dans les Outremers, les cas confirmés de Covid-19 en amont sont pour l’heure des cas importés de la métropole. Interrogé sur le maintien des liaisons aériennes entre Mayotte et l’hexagone, Jean-François Colombet a botté en touche ; préférant revenir sur le prochain décret de la ministre des transports qui sera pris dès ce mercredi et qui s’appliquera à Mayotte. Dans ce décret, les déplacements entre la métropole et l’océan indien (Mayotte et la Réunion), seront limités à des cas très précis. « Soit des raisons professionnelles vraiment sérieuses, impératives, soit des questions familiales, et notamment des questions de regroupement de famille. Quand vous avez des enfants qui sont en métropole et les parents à Mayotte, il faut pouvoir permettre qu’ils puissent rentrer et vice-versa ». Les raisons de déplacements seront vraiment limitées. Un poste sanitaire sera par ailleurs mis en place à l’aéroport en liaison étroite avec l’agence régionale de santé ;

un poste sanitaire qui sera armé par des infirmiers de l’éducation nationale, et encadrés par l’ARS. Tous les passagers qui arriveront à l’aéroport de Pamandzi passeront par ce poste sanitaire,

souligne Jean-François Colombet.
 

La question du CRA et des reconduites à la frontière

Vue extérieure des locaux de la Direction Départementale de la Police aux Frontières (DDPAF)
A partir de midi ce mardi 17 mars, soit 14 heures, heure de Mayotte, les liaisons de la France sont rompues au-delà de l’Union européenne ; concrètement cela veut-dire qu’à partir de 14h, heure de Mayotte, « nous n’aurons plus de liaisons maritimes ou aériennes avec les Comores ». Les personnes interpellées dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine ne pourront plus être reconduites. Conséquence, « elles (ces personnes) ne seront pas gardées au CRA ». Il s’agit alors pour le préfet de « diversifier notre lutte contre l’immigration clandestine, densifier les contrôles, prioriser le contrôle des cultures illégales, du travail illégal, des constructions illégales ; et pendant les 15 prochains jours, nous ne garderons personnes au CRA » a expliqué le préfet. Et pour la lutte en mer,

la priorité sera de refouler les embarcations, d’empêcher à tout prix que les kwassa n’atteignent les côtes mahoraises.

Et pour les personnes déjà au CRA, les dernières reconduites aux Comores sont organisées ce mardi avant midi, pour vider le centre, puisqu’elles ne peuvent rester en son sein.
 

Les rassemblements funéraires oui mais…

Le décret pris le 13 mars interdit les rassemblements ; quid alors des cérémonies funéraires. « Ce sujet est délicat, car on touche à l’intimité des gens » explique le préfet pour commencer, avant d’insister sur le fait que « le texte prévoit que les opérations funéraires dérogent à l’ensemble des règles qui ont été mises en place. Toutefois, sur ce sujet comme sur les autres, il faut comprendre que la barrière contre le virus, c’est nous-mêmes, nos gestes et notre façon d’aborder les autres ». Donc, « à l’occasion d’une cérémonie de cette nature qui est intime et douloureuse, je préconise le bon sens, en appliquant les gestes barrières comme ne pas se serrer la main, pas de bises et on essaie de garder cette distance entre les uns et les autres… » explique Jean-François Colombet.
 

Dépôt de liste pour le 2nd tour…c’est annulé jusqu’à nouvel ordre

Le président de la République a annoncé lors de son allocution lundi soir le report du second tour du scrutin municipal et communautaire. Par conséquent, c’est tout le processus qui est chamboulé. Le dépôt des listes, pour le second tour, prévu ce mardi avant 18h, est annulé. Une loi interviendra pour repousser ce deuxième tour, et qui repoussera in fine toutes les opérations rattachées à l’organisation de ce deuxième tour. Pour ce qui est de la toute première séance du conseil municipal à Dzaoudzi-Labattoir, dont le maire a été élu dès le 1er tour dimanche, « elle aura bien lieu comme le prévoit la loi » ; la séance ne se déroulera pas à huis-clos, toutefois, il faudra admettre le moins de monde possible et tout en respectant les recommandations de distanciation entre les personnes. « La vie démocratique et citoyenne doit continuer » affirme le préfet. Ce sera donc vendredi ou samedi où le maire de Dzaoudzi-Labattoir sera élu par les conseillers municipaux. 
 

Pourquoi ne pas interdire la circulation des taxis ?

Taxi Mamoudzou
Concernant la circulation des taxis, Jean-François affirme : « aujourd’hui, je n’ai pas un texte de loi, ni un texte réglementaire qui m’y autorise ». Il rappelle par ailleurs qu’à Paris, le métro continue de circuler, tout comme les bus.

Il faut que la vie puisse continuer autant que possible, et les taxis, ce sont (un peu) nos transports en commun à Mayotte.

Il faut qu’ils respectent la règle comme éviter de prendre plus de passagers que la capacité du véhicule n’en prévoit. « Ils vont continuer à travailler jusqu’à nouvel ordre » dixit Jean-François Colombet.
A noter que la liste des établissements autorisés à rester ouverts a été publiée au JO (journal officiel) ; liste qui sera de nouveau diffusée à la CCI pour que les ressortissants des chambres consulaires puissent en prendre connaissance.