Des échanges vigoureux, tendus, mais pas de dérapages

S’il fallait comparer ce débat à une compétition sportive on dirait que Marine le Pen a fait un faux départ comme dans les courses d’athlétisme. Elle a commencé à parler… pendant le générique. Tellement pressée d’évoquer le pouvoir d’achat que l’on pensait que cela allait faire des étincelles comme sur un circuit de formule 1, mais non. Sur ce premier sujet, on a eu affaire à deux joueurs de tennis en fond de court, à l’échauffement. Les différences sont apparues très clairement entre le projet de Marine le Pen de baisser les taxes sur l’essence et celui d’Emmanuel Macron d’accorder une aide aux ménages les plus démunis.  Jusque-là tout allait bien jusqu’à ce qu’on en arrive à l’Ukraine et à la Russie. C’est là que les esprits se sont échauffés « Vous dépendez de monsieur Poutine ! » Sur la Russie le président est monté au filet et s’est montré offensif.

D’une manière assez  surprenante car c’était juste après le seul compliment que lui ait accordé Marine le Pen sur sa gestion de la crise ukrainienne : « vos efforts méritent d’être soutenus » lui dit-elle. C’est là qu’Emmanuel Macron est passé à l’attaque : « vous dépendez du pouvoir Russe, vous dépendez de monsieur Poutine. Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie ».

Acculée, Marine le Pen n’a pu que répéter : « c’est faux, c’est faux. Je suis une femme libre et patriote ». A partir de ce momen le débat a pris une tournure plus tendue. Sur l’Europe, Emmanuel Macron est passé à l’attaque en accusant Marine le Pen de vouloir « sortir de l’Union Européenne sans le dire », et elle répondant qu’elle veut une « Europe des Nations » ; et accusant à son tour Emmanuel Macron d’être « euro-centré » et « peu soucieux de la souveraineté française » « Vous êtes un climato-hypocrite ! »

Sur d’autres sujets comme les retraites ou l’environnement, la différence entre les programmes est apparue clairement Marine le Pen a développé son projet de départ à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé jeune, et au maximum à 62 ans pour tous les autres. Emmanuel Macron affirmant de son côté qu’il faudra « progressivement travailler plus longtemps ». Là c’est Marine le Pen qui a tenté une attaque : « La retraite à 65 ans est une injustice insupportable ! » a-t-elle lancé. Sur l’environnement on a eu droit à un échange du tac au tac : « vous êtes une climato-sceptique » dit Macron, « vous êtes un climato-hypocrite » rétorque Le Pen. « Votre programme n’a ni queue ni tête » lui a lancé à son tour Emanuel Macron

Marine le Pen a confirmé qu’elle ferait interdire le port du voile islamique dans l’espace public

C’est à ce moment qu’une autre attaque virulente a fusé par la bouche d’Emmanuel Macron « vous allez créer la guerre civile », alors que Marine le Pen répète que la France n’est pas assez offensive contre l’islamisme. « Il faut fermer les mosquées radicales et ne pas se contenter d’une charte de la laïcité ».  

En somme, Marine le Pen s’en est beaucoup mieux sortie qu’il y a cinq ans. Elle n’a pas dérapé. Elle était plutôt sur la défensive. Emmanuel Macron a encore prouvé qu’il maîtrise mieux les sujets, il s’est montré vif, plutôt agressif mais il a fait des efforts pour éviter d’être hautain, méprisant comme on le lui avait reproché.