Des médicaments bloqués à l’aéroport sur fond de conflit entre deux directeurs

Aux Comores, le directeur général des Aéroports n’a pas renouvelé les titres d’accès aux inspecteurs de l’Agence Nationale des Médicaments. Conséquence, les médicaments qui sont soumis à leur contrôle préalable, sont bloqués à l’aéroport.

« Lundi 20 février, nous avons voulu dédouaner nos marchandises et notre transitaire nous a dit que cela n’était pas possible. Il nous a alors parlé de l’existence d’un problème entre le directeur de l’Agence Nationale des Médicaments et celui des Aéroports », a confié ce pharmacien qui a requis l’anonymat. En fait, Maamoune Chakira, directeur général des Aéroports des Comores n’a pas renouvelé les titres d’accès pour l’année 2023 aux agents de l’Agence Nationale des Médicaments et des Évacuations Sanitaires (Anamev) au motif que « leurs activités à l’aéroport n’étaient pas permanentes ». Résultat : les médicaments sont bloqués dans la zone fret puisque leur dédouanement est conditionné par un contrôle physique des douaniers et des agents de l’Anamev. Contacté, Maamoune Chakira a indiqué ne pas être au courant « de cette conséquence ». « Je vais me renseigner », a-t-il dit avant de raccrocher.

Ahamada Said Fazul, directeur de l’Agence Nationale des Médicaments et des Évacuations Sanitaires des Comores

Le directeur de l’Anamev, Ahamada Said Fazul assure pourtant avoir alerté le patron des aéroports des conséquences fâcheuses de sa décision.  « Je lui ai dit que la population allait souffrir puisque sans notre contrôle, les médicaments resteraient bloqués à l’aéroport, il m’a répondu qu’il allait réfléchir », a déclaré Said Ahamada Fazul. « La principale mission de l’Anamev est de s’assurer que les médicaments destinés aux Comoriens sont de qualité. Pendant plusieurs années, nous avions des badges d’accès au fret pour contrôler les médicaments. Contre toute attente, le directeur général a décidé de ne pas les renouveler », a déploré Ahamada Said Fazul.

 Des pharmacies en difficulté

Les pharmaciens ne savent plus à quel saint se vouer. Certains médicaments commenceraient à manquer dans les officines de la capitale. « Nous sommes pris en étau dans la querelle entre la direction de l’aéroport et celle de l’Anamev et il n’y a personne pour nous dire quand la situation va se débloquer », a regretté ce pharmacien.

Maamoune Chakira nommé il y a un peu plus de 6 mois, dirige les Aéroports des Comores d’une main de fer si bien qu’il est surnommé « Poutine », comme l’autre. Il assure vouloir « lutter contre l’impunité et l’indiscipline ». Depuis début février, 18 agents dont 8 femmes de l’aéroport suivent une formation dans le camp militaire d’Itsundzu dans des conditions qualifiées « d’extrêmes ».  Le 4 février, la justice a ordonné la réintégration de 21 agents de l’aéroport licenciés  par le même directeur « de façon abusive ».