Première journée de prévention Kahani

Parents et élèves sont sensibilisés à la violence et à la parentalité.
La violence et la parentalité, sont les thèmes de la 1ere journée Prévention à Kahani. La mairie de Ouangani, l’Union Départementale de la Confédération Syndicale des Familles de Mayotte et le lycée Gustave Eiffel de Kahani ont organisé cette sensibilisation pour les parents et les élèves.
" Agressions, vols, c’est notre quotidien. Les délinquants sont venus en groupe pour nous agresser.  Monsieur le maire arrivez, accourrez voir ce qu’ils nous arrivent sur le chemin de l’école… "  Ce sont les paroles du refrain de la chanson intitulée « la violence de tous les jours » écrite par les jeunes de l’association M’saïdié de Kahani.
chanson violence de tous les jours ©Mayotte la 1ère
Une mère qui pleure son enfant décédé sous les coups de voyous. Une scène déjà trop vue. Une scène qu'aucun parent ne veut plus jamais vivre à Mayotte. Alors, Ousoya Mahamoud Ali, parent d’élève est venue assistée à cette journée de prévention. Les interventions des différents partenaires lui ont beaucoup appris." Il faut que l’on se donne les moyens d’éduquer nos enfants. Pour que les enfants respectent les autres, il faut tout d’abord qu’ils nous respectent, nous parents. C’est comme ça, qu’on pourra endiguer ces violences entre jeunes " affirme la mère de famille.

Les violences entre jeunes étaient récurrentes au lycée Gustave Eiffel. Le 19 janvier 2018, l’intrusion de jeunes dans l’établissement avait provoqué une grève contre l’insécurité. Grève qui avait paralysée l’ile pendant trois mois. Le 31 Aout 2019, un jeune homme était lapidé aux abords du lycée. Des faits toujours présents à l’esprit des lycéens.
La classe de 1ère gestion-administration est chargée de l'accueil
Samouraï, est l’un des élèves en charge de l’accueil aujourd’hui. Elève de 1ère en gestion-administration, le jeune homme ne se sent pas en sécurité lorsqu’il se rend au lycée " J'ai vu une personne se faire passer à tabac, on lui a pris son téléphone. J'ai peur que ça m'arrive quand je viens à l’école. " raconte, le jeune homme de 15 ans.   
 
A l'instar de ces camarades, Faïda n'est pas sereine lorsqu'elle se rend au lycée.
Son ami Faïda elle non plus n’est pas sereine aux abords de l’établissement. " Des fois, lorsqu’on est dehors, il y des gens qui viennent taper les élèves. Bien souvent, ce sont des agressions gratuites. Il y a des bagarres à l’extérieur et à l’intérieur aussi. Nous on veut juste la paix, on veut juste venir à l’école pour apprendre et ceux qui se bagarrent nous en empêche.  Si les parents intervenaient, on pourrait trouver une solution pour faire cesser les affrontements!" s'agace la jeune fille.

" C'est moche de voir les autres se bagarrer, se frapper ! Ça me fait pleurer, ça me fait mal au cœur,
 c'est ce que je ressens à ces moments-là.  Aujourd'hui,ça va un peu mieux,ce n'est pas comme avant
Rachka ne supporte pas la violence.
quand il y avait des bagarres et que les gens entraient ici avec des machettes et des cailloux pour les lancer partout " témoigne Rachka, elle aussi élève de 1ère en gestion administration.




La violence, un sujet qui a inspiré Nadjima. La jeune femme a co-écrit les paroles de la chanson « la violence de tous les jours ».
Nadjima co-auteure de "la violence de tous les jours" lance un appel à l'aide pour tous les lycéens
" La chanson parle de nos frères et sœurs qui
se font agresser mais aussi des pompiers et de la police parce que quand on les appelle pour intervenir dans le village ils se font caillassés eux aussi. Je crois qu'il faut vraiment se réveiller, en parler une bonne fois pour toute et dire c'est bon, on en a marre de cette délinquance !" clame la jeune femme.


 

" Les retombées se font sentir petit à petit dans le lycée. "

Rafza Youssouf Ali, Présidente de l'Union Départementale de la Confédération Syndicale des Familles de Mayotte

Différents organismes travaillent à l’apaisement des tensions. " Ce lycée avait vraiment une mauvaise image. Depuis, nous avons mené plusieurs travaux et maintenant ce lycée a une toute autre image. Nous avons voulu montrer le résultat du travail que nous avons fait en amont avec l’ensemble des partenaires : la mairie de Ouangani, nous parents d’élèves et le lycée de Kahani. " se félicite Rafza Yousouf Ali, présidente de l’UDCSFM.
Les partenaires sont unanimes, les parents doivent s'investir plus.

" Chacun à son niveau doit contribuer afin que nos enfants, vos enfants, s’épanouissent. "

Gilles Halbout, Recteur de Mayotte

Et les parents sont fortement sollicités. De l’avis de tous, il est impératif qu’ils soient associés pour faire reculer la violence." L’éradication de la violence doit se faire avec les parents, martèle Rafza Youssouf Ali. Ils doivent redoubler d’efforts car ce qu’ils ont fait jusqu’à présent est insuffisant.

"Si un parent se sent un peu dépassé, il peut faire appel à nous"

Rafza Youssouf Ali

Le Recteur abonde dans son sens." Les parents doivent s’impliquer pleinement dans l’établissement comme c’est le cas aujourd’hui. Rien ne peut se faire sans les parents. On ne peut pas tout demander aux forces de l’ordre, on ne peut pas tout demander aux chefs d’établissement mais on ne peut pas non plus tout demander aux parents évidement" énumére Gilles Halbout, recteur de Mayotte. Certains jeunes l’ont bien compris et se sont pris en main.
danse sarbalolo ©Mayotte la 1ère
Cette animation dansante, le sarbalolo était autrefois organisé afin de permettre aux esclaves de se retrouver et de se divertir après une dure journée de labeur. Un exutoire que les jeunes l’association M’saïdié de Kahani se sont approprié.
Les jeunes de l'association M'saïdié de Kahani passent du temps ensemble pour décompresser.
" Notre association regroupe des jeunes qui trainaient par ci par là. On a donc créé cette association pour être tous ensemble. On se retrouve de temps en temps, on chante, on danse, on s’amuse … ça aide parce que ça permet d’évacuer les frustrations qu’on peut avoir à la maison, ou par rapport à l’école. Pendant ce temps-là, on est tranquille, entre nous, dans notre bulle, et il n’y a plus de problèmes, rien de tout ça. " précise Famida Faridi, de l’association M’saïdié de Kahani.

Une motion sur l’éducation à Mayotte pour l’année scolaire en cours a été signée par l’UDCSFM et le Recteur. Elle amorce la mise en application « du code de l’éducation à Mayotte ». Un code en cinq volets afin de garantir l’égalité d’accès à l’éducation à tous les enfants et l’extension des formations.
le Maire de Ouangani et l'UDCSFM ont encore fort à faire...
"Il nous reste énormément de travail à faire dans la commune de Ouangani mais également dans le territoire de Mayotte" conclut Rafza Youssouf Ali.