Première vaccination anti-Covid 19 à Mayotte

Les 195 flacons sont arrivés lundi matin avec une journée de retard. Ils permettront la vaccinations de 975 personnes au cours des prochains jours.

195 flacons de vaccin anti-Covid sont arrivés ce matin, soit 975 doses. Et c’est le Docteur Martial Henry, le premier médecin mahorais de l’ile dans les années 60 qui a reçu le premier vaccin ici, à Mayotte.

Il est le premier à se faire vacciner contre la Covid 19 à Mayotte. Le docteur Martial Henry prend la pose à l’extérieur de la MJC devant la presse venue assister à cette vaccination.La directrice de l’ARS, Dominique Voynet, l’escorte ensuite à l’intérieur pour remplir les formalités au bureau d’accueil.

Un bénévole de la Croix rouge prend ensuite le relais pour le diriger vers le médecin. Après la série de questions d’usage “Bon pour le service“ déclare le docteur qui tend la feuille à Martial Henry, le 1 er patient éligle au vaccin.

Avant de se faire vacciner, le patient doit passer par l'accueil pour remplir un formulaire. Ensuite, il consulte un médecin qui vérifie qu'il n'y ait pas de contre-indication à la vaccination.

“C’est moi qui vous amène “ s’empresse le bénévole de la Croix rouge. Il achemine le docteur Martial Henry vers l’infirmier qui assure la vaccination ce matin.Le docteur prend place. Tous les objectifs sont braqués sur lui. L’instant est solennel, l’assistance est silencieuse .“Il ne faut pas pleurer docteur“ lance Mouhoutar Salim, directeur adjoint de l’ARS pour détendre l’atmosphère. Les rires fusent et une journaliste demande son âge au docteur. “J’ai 89 ans et bientôt dans 3 mois, 90 répond le docteur Martial Henry. Une réponse qui suscite l'admiration du public.

Il est le premier docteur mahorais . Sorti de la faculté de médecine de Paris en 1963, Martial Henry est aujourd'hui le premier vacciné contre la Covid 19 à Mayotte.

L’infirmier, Saïd Abdillahi s’avance avec son désinfectant et sa seringue posés sur un plateau. “ Docteur on va y aller ! Le premier vaccin !  Annonce-t-il, avant de nettoyer et de piquer le haut du bras du docteur Henry qui frémit tout juste au contact de l’aiguille. “ Le docteur Henry est vacciné“ lance Saïd, l’infirmier libéral qui vient de lui injecter le vaccin anti-Covid. “ Merci beaucoup à tous ! répond le Docteur Henry qui se lève de sa chaise sous les applaudissements de l’assemblée. “Il fallait montrer l’exemple à tous les mahorais. Au-delà de ça, je me suis fait vacciner pour ma santé puisque j’ai un âge très avancé. C’est une des meilleurs préventions contre l’épidémie de Coronavirus" assure le Docteur Henry qui a fait une formation à l’école de santé public de Rennes. "Avant, on vaccinait contre le choléra, la fièvre jaune, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite. J’ai parcouru tout Mayotte pour vacciner les enfants contre ces maladies, donc, je crois beaucoup à la vaccination comme étant de la prévention" ajoute t-il. 

“J’encourage les personnes âgées à venir se faire vacciner parce que j’y crois “

Docteur Martial Henry, premier médecin de Mayotte.

Comme lui, Jean –Yves Poisson, chirurgien-dentiste qui vient de fêter ses 76 ans, croit en la nécessité de la vaccination. “Je ne suis pas du tout réticent au vaccin pour deux choses. Mes patients, puisque je travaille encore et pour moi et mes enfants et petits-enfants, je préfère faire le vaccin. C’est un vaccin qui n’est pas comme les autres vaccins pasteur. C’est un vaccin à ARN messager. L’ARN messager, c’est la surface de la cellule mais pas à l’intérieur, donc il n’y a aucun danger, pas plus que les autres vaccins“ rassure le chirurgien-dentiste. Ce dernier pense que la vaccination anti-Covid est utile pour les personnes âgées qui ont plus de difficultés à se rétablir. Après avoir reçu son injection, comment se sent-on ? "Je me sens normal", glisse Jean-Yves Poisson dans un éclat de de rire."J’ai annulé mes patients d’aujourd’hui. Je vais me reposer. Et puis demain je retravaillerai comme d’habitude" annonce le septuagénaire.

Qui se fait vacciner ce jour ?

Les professionnels de santé libéraux de plus de 50 ans ou avec une comorbidité (présence d'une ou plusieurs maladies en plus d'une première maladie chronique) et les sapeurs-pompiers répondant aux mêmes critères. “Ce matin sont arrivés 195 flacons et avec on vaccinera 975 personnes “ explique Florine Clavier, chef de service à la veille et sécurité sanitaire à l’Agence Régionale de Santé de Mayotte. 

Saïd Abdillahi infirmier libéral prépare 6 doses de vaccin à partir d'un flacon.

Saïd Abdillahi est l’infirmier libéral. Il est bénévole pour cette première campagne de vaccination. Agé de 57 ans, il fait partie de la tranche de population visée aujourd’hui. En attendant l’arrivée d’un collègue pour se faire vacciner, c’est lui qui prépare les solutions injectables et qui vaccine. “Dans ces flacons, il y a 0,45 ml de vaccin. Il faut y ajouter 1,8 ml de solvant (ici du sérum physiologique) et je dois injecter 0,3 ml de vaccin. Donc, je peux faire 6 doses de vaccin avec un flacon “ explique l’infirmier bénévole.

Des contraintes à respecter.

A partir de cette étape,la dilution, le produit doit être injecté dans les 6 heures. “On a une traçabilité qui est très très fine tout le long du parcours du vaccin. Quand on commence à décongeler, on va noter l’heure de décongélation. A partir de ce moment-là, on va avoir 5 jours pour les consommer " précise Florine Clavier.

C'est dans ce frigo, à une température de 5 degré que sont conservés les flacons de la journée.

"Bienvenue" dans l’arrière-salle de la MJC. C’est la chef de service veille et sécurité sanitaire de l’ARS, Florine Clavier qui nous donne accès à la pièce. Ici sont stockés une trentaine de flacons dans un frigo qui affiche 5,5 degré."On travaille au fil de l’eau avec les infirmiers. C’est aussi l’avantage d’avoir un petit lieu de stockage avec une faible quantité de doses, juste celles du jour. Ça permet d’être sûre de ne pas gâcher des doses“ explique Florine Clavier chef de service à la veille et sécurité sanitaire à l’ARS de Mayotte. 

Après le vaccin, il faut rester 15 minutes en zone de surveillance. L'occasion pour les professionnels de santé libéraux de faire connaissance.

 

"J’aurais aimé bien sûr qu’on ait des vaccins plus tôt. Le fait qu’on soit isolé, qu’il ait fallu un avion militaire pour nous apporter le super congélateur, un avion qui a dû s’arrêter à Djibouti avant de venir à Mayotte nous a évidemment compliqué les choses."

Dominique Voynet, directrice de l'ARS Mayotte.

Après les professionnels de santé libéraux, viendront les plus de 75 ans. Le calendrier de vaccination pour le grand public quelque peu bousculé par le retard de la livraison des vaccins. Ces derniers auraient dû être livrés dimanche. “Nous ouvrirons progressivement la vaccination. Ça ne sert à rien de venir à M’gombani si on y est pas envoyé par son médecin traitant ou par le maire de sa commune. Des listes de patients prioritaires ont été établies“ précise Dominique Voynet, directrice de l’ARS Mayotte.

Les septuagénaires de Pamandzi seront convoqués dans la matinée, ceux de Dzaoudzi suivront dans l’après-midi. Les autres communes viendront ensuite. “Nous avons par ailleurs un second centre de vaccination au CHM. Pour les professionnels de santé du CHM. Tous, pas seulement les médecins ou les infirmiers. Mais aussi les personnels aides-soignants, agents de service ou techniciens qui sont en contact des patients et qui ont plus de 50 ans“ détaille Dominique Voynet.    

La directrice de l’ARS n’exclut pas l’ouverture de nouveaux centres de vaccinations avec l’augmentation des livraisons. “Actuellement ce qui nous est confirmé c’est une nouvelle livraison en début de semaine prochaine des mêmes quantités, 195 flacons soit 975 doses. Et puis ensuite par semaine 1950 doses par semaine “ conclut Dominique Voynet, la directrice de l’Agence Régionale de Santé de Mayotte.