Producteurs de vanille, l’union fait la force

Vingt producteurs de vanille travaillent avec l’association « Saveurs et senteurs de Mayotte » pour promouvoir une vanille de Mayotte haut-de-gamme. Rencontre avec l’un d’eux, Foundi Madi. En début de saison de la vanille.


A 62 ans, Foundi Madi a deux vies. L’une comme instituteur de l’école primaire de Tsingoni. L’autre comme producteur de vanille.
La vanille, une tradition dans la famille. Son père, son grand-père cultivaient ce trésor de Mayotte. Renommé comme la meilleure vanille de l’océan indien au XIXème siècle. Un résident français constatait : « La vanille croît parfaitement et donne de superbes gousses quand elle est fécondée. » Une vanille dont à l’époque Mayotte produisait près de 10 tonnes. Aujourd’hui environ dix fois moins.

Une vanille « chouchoutée »


Le pas souple, Foundi suit un sentier le long d’une haie de bambous. A l’abri des regards et des tentations… Sa plantation, il la connaît comme sa poche. Il y travaillait avec son père. Un coup d’œil. Il explique : « Là, je vais tailler. Laisser quelques branches. Il lui faut de l’ombre » Des branches d’avocatiers qui servent de tuteur à la plante-liane qu’est la vanille. Qui ne perdent pas leurs feuilles.
« Voilà ! la vanille a besoin d’ombre. Je ne désherbe pas. Je garde le sol végétal. Un peu d’humidité. Un peu d’éclairage. » Ce sont ces soins qui pied par pied qui rendent la vanille si exceptionnelle. On est loin des production de Madagascar.

Il attend beaucoup de ce regroupement de vingt producteurs pour travailler avec l’association « Saveurs et senteurs de Mayotte ». Un prix d’achat supérieur au prix pratiqué. Une qualité garantie aussi –un « label »- face à la concurrence. La transformation –le séchage- est aussi suivi de près. Ce jour-là Julie, la coordinatrice de l’association l’accompagne. C’est elle qui achètera la production pour la négocier ensuite à des grossistes. Mais en position de force.
« Nous, on achète la vanille verte. On sécurise les débouchés en faisant le lien entre le consommateur et le producteur ».
La vision est à moyen-long terme en réussissant un système durable. Sauver la production de vanille de Mayotte –c’est fait !- puis développer une production de qualité supérieure –c’est fait aussi !- enfin avoir suffisamment de plants pour replanter de la vanille de qualité supérieure. C’est en cours.

« Nous avons des contacts avec des importateurs de métropole qui veulent de la vanille locale haut-de-gamme. Des épiceries. Des Restaurateurs. Des artisans dans l’agro-alimentaire » révèle Julie. Elle donne le contact du site de l’association avec une « cagnotte » au bénéfice des producteurs : www.leetchi.com:vanille.

Début de saison


« C’est bien ce que j’avais vu la semaine dernière! La saison commence ! » il pointe du doigt une « main de vanille ». « Regardez ! là ! Elle commence à jaunir ! » . Il cueille avec précaution. Puis fera sécher. Il faudra quand même attendre fin juillet début août la pleine saison.

Un peu de patience et la vanille de Mayotte retrouvera sa place. Loin des 2000 tonnes par an de l’Indonésie mais qui réclame de l’exigence. Sans produits artificiels, sans culture extensive.
Une vanille qui correspond au souhait des consommateurs.