Le volcan grossit vite et Mayotte s’enfonce doucement

Nathalie Feuillet décrit l'itinéraire de la dernière mission
Les scientifiques embarqués sur le Marion Dufresne ont rendu compte de leur dernière mission « Mayobs4 » au-dessus du volcan sous-marin et de la zone de séismes proche de la petite-terre. Ils ont observé une nouvelle coulée de lave
 
Le nouveau volcan n’a pas grandi, il fait toujours environ 800 mètres d’altitude,  mais il a grossi. Une nouvelle coulée de lave s’est produite sur son flanc ouest. Elle a fourni une masse d’environ 0,3 Km3 de magma. La coulée fait 150 mètres d’épaisseur. « Ces données restent à affiner » explique Nathalie Feuillet, de l’Institut Physique du Globe de Paris. Cette coulée est d’ailleurs le seul élément nouveau constaté par la mission « Mayobs4 ».

Concernant les séismes, « on en a enregistré 2000 pendant les douze jours de la mission » explique la chercheuse, « mais ils sont très faibles pour la plupart ». La zone de l’essaim de séismes est toujours située à une distance proche de la petite terre, environ 5 à 15 kilomètres. D’autre secousses plus petites ont été détectées à proximité du tombant de l’île. Ces séismes sont profonds, estimés entre 20 et 50 kilomètres sous la croûte terrestre.

Les émanations de gaz et de fluides sont toujours constatées dans la zone de l’essaim de séismes. Des échantillons ont été prélevés, et envoyés dans un laboratoire de Brest pour des analyses.

Nathalie Feuillet apporte une explication à cette baisse de l’intensité sismique : « quand la lave trouve son chemin vers une sortie, il n’y a plus de fracturation, donc moins de secousses, elle coule tranquillement ».


« C’est comme quand on vide un tube de dentifrice »


Mayotte continue de s’enfoncer et de se déplacer. Les dernières données disponibles font état de 15 centimètres d’enfoncement depuis le début du phénomène, et de 18 centimètres de déplacement. La physicienne Nathalie Feuillet l’explique de manière très imagée: « l’île de Mayotte est posée sur un poche de magma qui se vide. C’est comme quand on appuie sur un tube de dentifrice, cela s’affaisse d’un côté et cela sort de l’autre ».

Les prochaines missions ne sont pas encore programmées. «Mais ce volcan reste sous surveillance »  dit Nathalie Feuillet. La physicienne se réjouit d’un intérêt mondial croissant de la communauté scientifique ; « je reçois des mails tous les jours de la part des chercheurs qui veulent étudier ce phénomène ».
Les scientifiques font tout ce qu’ils peuvent pour obtenir des financements. Les quatre missions successives du Marion Dufresne ont déjà coûté 5 millions d’euros.