« L’alcool est présent dans 90% des affaires jugées par le tribunal »

Au tribunal, ce lundi encore, l’alcool était présent dans de nombreuses affaires jugées en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRDC). Un système qui sert à désengorger le tribunal correctionnel et via lequel les prévenus rencontrent directement à huis clos les magistrats.
Les affaires liées à l’alcool sont toujours aussi importantes, les audiences correctionnelles le démontrent. Une tendance que le gouvernement veut inverser. Les élus du congrès ont voté jeudi dernier une loi de pays pour lutter contre l’alcoolisme. Après la prévention, c’est donc la répression. Le but  est de changer les mentalités mais le chemin sera long. Au Palais de justice ce lundi, les prévenus interrogés se disent conscients d’avoir fauté mais reconnaissent avoir du mal à se maîtriser lorsqu’ils sont sous l’emprise de l’alcool. Laurent, 37ans, comparaissait pour conduite en état d’ivresse, excès de vitesse et refus d’obtempérer il y a deux mois à Nouméa. Aujourd’hui, il reconnaît ses tords, l’alcool et problèmes personnels ne font pas bon ménage dit-il, « je voulais impressionner, faire comme les autres, mais aujourd’hui je le regrette ».

222 condamnés incarcérés pour 100 000 habitants

Au Palais de justice, les magistrats sont débordés. Le procureur de la République rappelle les chiffres : « l’alcool est présent dans 90% des affaires, le contentieux routier représente la moitié des condamnations du tribunal correctionnel, les affaires de violences sont quasiment toutes liées à la consommation excessive d’alcool et la consommation de cannabis, la délinquance liée aux cambriolages est aussi en rapport, bon nombre des personnes interpellées sont sous l’emprise de l’alcool, les affaires de cambriolages, des vols qualifiés d’opportunité, sont aussi liées à l’alcool… » Autant de dossiers qui mobilisent les magistrats. Souvent critiquée et qualifiée de laxiste, la justice tente, précise Alexis Bouroz, le procureur de la République, d’apporter une réponse pénale adaptée. Le tribunal sait se montrer exemplaire ajoute-t-il, « le taux de détention par habitant en Nouvelle-Calédonie est très important, 222 condamnés incarcérés pour 100 000 habitants, c’est plus du double que la moyenne européenne ». Pour lui, la répression ne règle pas tout, « le réseau de prise en charge de l’addictologie est défaillant, c’est un problème de société, d’accès aux soins, c’est un problème de justice seulement dans ses manifestations par un passage à l’acte ».
L’accompagnement et le suivi des personnes alcooliques, une solution qui peut s’avérer efficace, encore faut-il qu’il y ait suffisamment de spécialistes. Thierry, 26 ans, l’un des témoins rencontré, avoue avoir changé sa relation à l’alcool depuis qu’il est suivi par un addictologue. Sorti du Camp Est il y a 10 mois il tente de se reconstruire, dit-il. Ce lundi matin, il accompagne sa sœur qui est convoquée,  « Je ne veux pas qu’elle fasse les mêmes erreurs que moi ». Après deux ans passés derrière les barreaux il regrette « j’aurais pu me former pendant ce temps, aujourd’hui je suis trop âgé et c’est difficile de trouver du boulot ». Le jeune homme a mis l’alcool et ses mauvaises fréquentations de côté.

A partir de quel taux d’alcoolémie dans le sang est-on en infraction ?
Le taux contraventionnel : vous êtes en infraction à partir de 0,25 mg par litre d’air expiré, soit 0,50g d’alcool/litre de sang.
Le taux délictuel : votre taux atteint 0,40mg/litre d’air expiré, soit 0,80g/litre de sang.