Au Vanuatu, les investissements chinois se multiplient

Le Premier ministre Charlot Salwai , Hu Chunhua, vice-président du 14e Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois.
Nouveau palais présidentiel, et bientôt de nouveaux ministères livrés clefs en main, les investissements chinois se multiplient au Vanuatu. Une « diplomatie des infrastructures », selon une spécialiste, qui n'est pas sans arrière-pensée, et qui inquiète les Occidentaux.

Pékin livre un palais présidentiel. La clef symbolique du nouveau palais présidentiel de Port Vila a été remise récemment en grande pompe à Charlot Salwai, le 1er ministre du Vanuatu, par une délégation chinoise. Et d'autres structures sont aussi au programme de ces relations : un ministère des finances flambant neuf ainsi que la rénovation du département des affaires étrangères.

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Il y en a pour plus de 19 millions d'euros : plus de 2 milliards 300 millions de francs pacifique. 

Cela démontre la force des relations et de l’engagement des deux gouvernements. C’est une célébration de 42 ans de relations diplomatiques.

Charlot Salwai, Premier ministre du Vanuatu

Cela fait 15 ans que Pékin finance des infrastructures dans l'archipel (port, rénovation de l’aéroport, etc.). Une véritable politique bienveillante, à en croire Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères à Pékin : "La Chine s'est engagée à développer une coopération amicale avec les pays insulaires du Pacifique, y compris le Vanuatu, et s'est engagée à aider ces pays à améliorer leur niveau de développement économique et social et à soutenir leur développement."

«Diplomatie des infrastructures » et coopération

Mais cette amitié affichée s'accompagne de multiples prêts. Port Vila est lourdement endettée auprès de Pékin. 40% de sa dette extérieure serait détenue par la banque chinoise Eximbank selon l’institut australien Lowy. Une stratégie dont Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse au Centre Asie de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales) souligne l’efficacité et les risques : "Il y a là une diplomatie des infrastructures qui finit tout simplement par payer parce que la Chine arrive avec des conditions d'emprunt très favorables mais qui sont quand même élevées pour des petits pays comme le Vanuatu qui n'a que 300 000 habitants et qui risque de les mettre dans une situation vulnérable."

Contester la puissance américaine et l’ancrage européen

L’Empire du Milieu semble progressivement vassaliser certaines nations comme le Vanuatu, les transformant en bases de déploiement de ses pièces sur l'échiquier du Pacifique, son débouché maritime naturel. « On l'a vu là récemment avec le Vanuatu mais aussi avec les Salomon, avec le Kiribati, la Chine déploie véritablement une diplomatie dont l'objectif consiste à contester la puissance américaine, et à contester l'ancrage européen également dans cette région du Monde. Donc on a aujourd'hui une situation qui se tend… » constate Sophie Boisseau du Rocher.

Le président américain Joe Biden et les dirigeants Pacifique Sud

En contre-attaque, on a les offensives diplomatiques de charme des dirigeants occidentaux envers le Pacifique Sud, comme celles de Joe Biden, le président américain. Ou encore d'Emmanuel Macron, son homologue français qui a mis en garde contre les « nouveaux impérialismes » (chinois). A la clef, des aides financières et un soutien dans la lutte contre le réchauffement climatique. Reste que la Chine est désormais un des acteurs prépondérants dans le Pacifique qui n’est plus un « lac américain » comme on a pu le qualifier autrefois. Cela a déjà changé la donne géopolitique mondial.

Le reportage de Bruno Sat, Nicole Coisman, Valère Maison

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