"Ça ne peut pas se discuter en catimini." La Fédé vent debout contre le plan de relance du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Steeve Teriitehau, secrétaire général de la Fédération des Fonctionnaires
La Fédé est remontée contre le gouvernement et son plan PS2R. Le syndicat, favorable à un projet pour relancer et reconstruire la Nouvelle-Calédonie, dénonce un manque de transparence et estime que ces mesures pourraient même augmenter les inégalités sociales. Ses représentants l'ont dit ce mardi 5 novembre en conférence de presse avec la menace d’un mouvement de grève pour le 12 novembre prochain.

La Fédération des fonctionnaires hausse le ton. Dans son viseur : le PS2R, le plan de sauvegarde, de reconstruction et de refondation porté par le gouvernement. Un plan ultralibéral, selon la Fédé. "Dans un premier temps, la Fédé a soutenu le plan quinquennal et le PS2R qui sont complémentaires. Ce PS2R qui avait le mérite d'exister parce qu'il fallait être réactif face à la situation dans laquelle on est, rappelle Steeve Teritehau, secrétaire général de la Fédé. Sauf qu'aujourd'hui, ce PS2R a été établi sur un constat tronqué selon nous, parce qu'une seule partie de la population a été sondée. Et de surcroît il a été construit sous l'emprise des acteurs économiques, avec NC éco."

Un risque "d'explosion sociale"

D'après la Fédé, le plan du gouvernement pourrait même accentuer les inégalités. "Aujourd'hui au travers de ce plan, on ne reconnaît que des mesures qui visent à accompagner l'économie et les acteurs économiques, ce qui est nécessaire. Mais pas au détriment de toutes les inégalités sociales qui devraient être au centre du dispositif, tant dénoncées par tout le monde et par le président du gouvernement."

La Fédé aurait notamment souhaité que la lutte contre la vie chère soit davantage abordée. "On ne trouve aucune mesure qui vienne tendre à diminuer le coût de la vie, la lutte contre les habitats précaires. On oublie d'inclure les populations les plus défavorisées dans ce dispositif. Donc on s'expose à un nouveau risque d'explosion sociale."

Des discussions en catimini

Autre point bloquant, selon la Fédé, le manque de transparence des échanges. "Aujourd'hui, on met en cause la responsabilité de l'état, qui joue plus un rôle de banquier accompagnateur qui conditionne chaque financement à des réformes. Et ce qu'on reproche au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et à l'Etat, c'est de parler en catimini de projets de réformes sociétales, structurelles ou conjoncturelles, qui touchent la totalité de la Nouvelle-Calédonie. Comme la réforme de la TGC, la diminution de la rémunération des salariés de l'ensemble du pays, avec une augmentation de la CCS, ou une diminution des rémunérations des agents publics."

Tout ça, ça ne peut pas se discuter en catimini. Ça doit se faire en toute transparence, faute de quoi on se réserve le droit de réagir.

Steeve Teriitehau, secrétaire général de la Fédé

"Pire qu'avant"

Les réformes sont nécessaires assure le secrétaire général. "On estime qu'aujourd'hui la consommation et la fonction publique ne sont pas les seuls leviers à utiliser dans le cadre de cette réforme. Le discours du président Mapou lors de l'ouverture du séminaire et de sa prise de fonction était de réduire les inégalités et de travailler sur un nouveau projet de réformes sociétales avec un virage à 180°. Sauf qu'on s'aperçoit qu'on est en train de faire pire qu'avant."

Un préavis de grève pour le 12 novembre

La Fédé prévoit même un mouvement de grève pour le 12 novembre, si le gouvernement ne réagit pas. "Dans le préavis, la demande est claire : on souhaite avoir l'engagement du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie à ce qu'il y ait au moins une information avec les partenaires sociaux.

On veut juste être associés dans un souci de transparence, vis-à-vis de la population."

Steeve Teriitehau, secrétaire général de la Fédé

La Fédé assure malgré tout que le travail continue sur le PS2R, avec de nouvelles réunions de travail vendredi.