Candidature papoue au Fer de Lance: ni oui, ni non

De gce à dr, les indépendantistes papous Mama Yosepha Alomang, Edison Waromi, Andy Ayamiseba et Jacob Rumbiak encadrent Manasseh Sogavare (en bleu), le Premier ministre salomonais et fervent militant de la cause papoue.
Le sommet du Groupe mélanésien fer de lance a fini en queue de poisson jeudi à Honiara. L'organisation mélanésienne n'a pas pris de décision sur la candidature du Mouvement de libération de la Papouasie occidentale. L'Indonésie crie victoire, mais les indépendantistes papous y croient encore.
Le Groupe mélanésien fer de lance a finalement reporté sa décision sur la candidature du Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale… à son prochain sommet en septembre. 
 
Raison officielle: le Fer de lance doit d'abord adopter des critères généraux pour les candidatures, avant d'examiner celle du groupe indépendantiste. 
 
Plusieurs centaines, peut-être même un milliers de personnes ont manifesté dans les rues d'Honiara jeudi matin, pour soutenir la demande du Mouvement uni de liberation de la Papouasie occidentale. 
 
Les Îles Salomon, le Vanuatu et le FLNKS ont fait pression pour que les indépendantistes papous soient intégrés dans le Groupe. Mais les Fidji et la Papouasie Nouvelle-Guinée s'y opposent toujours, influencés par l'Indonésie. 
 
Or il ne suffit pas d'avoir la majorité des voix pour faire passer une motion. La décision doit être basée sur un consensus.  
 
À Honiara, les négociations entre les 5 membres ont été tendues. Les Fidji et la PNG ont menacé de se retirer du Fer de Lance si la candidature des indépendantistes n'était pas retoquée. 
 
Benny Wenda, est l'un des porte-parole du Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale. Il a assisté au sommet du Fer de Lance, et il minimise les divisions profondes entre les pays mélanésiens : 
 
« Ça ce sont des affaires internes, mais le Vanuatu, les Îles Salomon et la Nouvelle-Calédonie (il ne s'agit pas du gouvernement de la Calédonie, mais du FLNKS, NDLR) nous soutiennent. Donc ils vont régler quelques problèmes et en septembre, nous obtiendrons le statut de membre de plein droit. C'est ce que nous croyons. »  
 
La non-décision du Fer de Lance est une « victoire », selon Luhut Pandjaitan, le ministre indonésien qui coordonne les affaires politiques, légales et de sécurité. D'après le quotidien Jakarta Post, le ministre a ajouté: « La position défendue par l'Indonésie dans le Groupe a été bien recue (…) l'Indonésie soumettra bientôt sa candidature pour le statut de membre de plein droit du Fer de Lance. » L'Indonésie obtiendrait alors le droit de vote dans l'organisation mélanésienne, privilège dont elle ne jouit pas encore en tant que membre associée.
 
Pour Djakarta, le Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale est un groupe séparatiste, qui n'a aucune légitimité à la table d'une organisation régionale. L'Indonésie affirme que c'est à elle de représenter les 11 millions de Mélanésiens qui vivent en Indonésie, dont 4 millions de Papous.   
 
Les indépendantistes, eux, demandent une révision du référendum de 1969 qui a décidé du rattachement de la Papouasie à l'Indonésie, une consultation qu'ils estiment avoir été truquée.