Trois questions de journalistes vont conduire la présidente de l’Assemblée nationale à s’exprimer de façon publique sur la crise calédonienne. Notamment sur la "mission de concertation et de dialogue" évoquée par Michel Barnier dans le discours de politique générale prononcé devant les députés. Elle a été confiée à Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, son homologue du Sénat.
Nous souhaitons contribuer à la recherche d’une solution politique sur place parce que cette solution politique est importante et qu’il nous faut envoyer des signaux.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, le 2 octobre 2024
Des contours à définir
"Nous avions dit depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, notre disponibilité à tous les deux pour exercer une mission si le président de la République et le Premier ministre l’estimaient utile", rappelle-t-elle mercredi 2 octobre, à Paris, devant les journalistes parlementaires. "L’idée n’est pas d’entrer dans une concurrence ou de gêner les choses. Nous avions juste indiqué notre disponibilité parce que les acteurs nous en parlaient de façon extrêmement régulière."
À ce stade, pas de détail sur le modus operandi. "Le Premier ministre souhaite que nous réalisions cette mission, mon cabinet va se rapprocher de lui. Je vais m’entretenir de façon approfondie avec le président du Sénat pour savoir quels seront les contours et comment elle va se dérouler", brosse Yaël Braun-Pivet.
Déplacement "dans les prochaines semaines"
Reste l'intention générale. "Je pense que c’est très important qu’on ait tous une attention immédiate sur le sujet. Sans en avoir discuté de façon approfondie avec les uns et les autres, il est évident que la mission est que nous devrons, avec Gérard Larcher, nous rendre en Nouvelle-Calédonie dans les prochaines semaines, pour pouvoir rencontrer tous les acteurs, prendre conscience de l’étendue des dégâts sur place, pouvoir échanger avec la population -c’est important de revenir toujours et encore aux citoyens- et nous verrons aussi quelles sont les attentes du Premier ministre à l’égard du Parlement, en la matière."
"Le règlement global de la question calédonienne était l'objectif initial"
La présidente de l'Assemblée nationale réagit au report annoncé des provinciales, en répétant son souhait d'un accord global. "La décision est prise. Je pense qu’elle correspond à une large demande, même si cette demande n'est pas unanime sur le territoire, pour essayer encore et toujours d’aboutir à un règlement global. Le règlement global de la question calédonienne était l'objectif initial. Et puis le ministre de l'Intérieur", Gérald Darmanin, "parlait d'un petit accord, grand accord… Nous sommes arrivés à un tout petit accord, qui n'était même pas un accord."
Je pense qu’il faut rouvrir le champ, enlever tout ce qui est extrêmement abrasif pour pouvoir remettre tout le monde autour de la table et recommencer les discussions. C’est ce que nous ferons avec le président du Sénat, je l'espère.
Yaël Braun-Pivet
Le corps électoral "fait partie des sujets dont il faut discuter"
"Enlever ce qui est abrasif"… Doit-on comprendre que le sujet explosif du corps électoral sera évité ? Non, assure la présidente de l'Assemblée nationale, qui précise sa pensée : "Si on réunit la semaine prochaine le Congrès [de Versailles à ce sujet], ça peut nuire à la reprise du dialogue, et à la capacité qu’on peut avoir de discuter. C’est en cela que je disais qu’il faut enlever les sujets abrasifs. Mais évidemment que la question du corps électoral fait partie des sujets dont il nous faut discuter. C’est une évidence. On parle de démocratie, ça en fait partie."
Une "mission de dialogue, d'écoute, de considération", précise Michel Barnier
Alors qu'il dresse sa feuille de route devant le Sénat, ce même mercredi 2 octobre, Michel Barnier va d'ailleurs plus loin. "Outre les sujets économiques et sociaux, énumère le Premier ministre, devront être abordés l'organisation, les compétences des pouvoirs locaux, la composition du corps électoral, son élargissement pour les prochaines élections provinciales ainsi que différents autres sujets de nature institutionnelle." Le chef du gouvernement parlant de "mission de dialogue, d'écoute, de considération, qui devrait nous permettre d'engager des discussions sur l'avenir institutionnel".
La délégation transpartisane "m’a donné de l’espoir"
Lors de la conférence de presse en question, Yaël Braun-Pivet a salué la délégation interinstitutionnelle "complètement transpartisane", qui a fait le déplacement à Paris et a été reçue par exemple au Palais-Bourbon. Sa composition : plusieurs présidents de groupe au Congrès, trois des quatre parlementaires (Robert Xowie, Georges Naturel et Emmanuel Tjibaou) ainsi que les dirigeants du Sénat coutumier et du Cese.
Ils ont montré que sur un sujet d’intérêt commun qui est leur terre, leur territoire, ils étaient capables de porter une même voix ici, auprès de nous.
Yaël Braun-Pivet
"Je trouve que c’est extrêmement prometteur, souligne-t-elle, je suis convaincue, en politique, de la force de la volonté des hommes de faire (…) Lorsque Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou signent, se serrent la main, ça n'est pas facile pour eux. C’est difficile, dans leur camp. Ils ne sont pas portés par une unanimité. Pour autant, ils prennent leurs responsabilités et ils ont cette capacité à avoir cet effet d'entraînement. Cette délégation m’a donné de l’espoir, à cet égard."