L’entretien se déroule à Paris, dans les studios d’Outre-mer la 1ère, entre deux rendez-vous. Efficience institutionnelle, modèle économique, fiscalité, gouvernance... autant de sujets abordés par le président de la CCI. Fin 2020, l’ensemble des acteurs économiques se sont rassemblés sous la bannière commune Nouvelle-Calédonie Economique (NC Eco). Avec la volonté de construire une vision autour d’un modèle économique et social partagé. "Notre objectif a été dès le départ de pouvoir faire partie de cette séquence de sortie de l’Accord de Nouméa car on a eu l’impression d’avoir attendu ce moment depuis trente-trois ans. Désormais, il faut s’engager pour que ce futur que l’on va construire soit un futur partagé et un futur qui nous ressemble", a indiqué David Guyenne.
Cette invitation de l’Etat est, selon lui, "un signe fort, courageux, mais c’est surtout un signe réaliste car pour construire la société de demain il faut que l’ensemble des parties prenantes soit représenté. Et pour assurer cette représentativité, il faut que la société civile soit associée. C’est un signe également que la démocratie a progressé et c’est très encourageant."
"On gagnera tous ensemble ou on perdra tous ensemble"
Pourtant, la présence de la société civile à la table des discussions sur l’avenir institutionnel ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique. "Je peux comprendre mais je dirais à ceux qui ne sont pas convaincus de notre présence qu’il faut essayer ce format et je reste persuadé qu’il en ressortira des choses utiles, impactantes et partagées", a fait savoir le président de la CCI qui regrette au passage l’absence des indépendantistes à Paris. "C’est un moment crucial pour la Nouvelle-Calédonie et NC Eco le réaffirme : soit on gagnera tous ensemble, soit on perdra tous ensemble. Ce n’est pas une question de politique contre la société civile ou d’indépendantistes contre loyalistes. Mais une volonté de vouloir créer une dynamique commune et collective, en établissant une méthode de travail et un calendrier de sortie de l’Accord de Nouméa, et au-delà, un nouveau projet pour la Nouvelle-Calédonie", a-t-il assuré.
Urgence économique et sociale
En ce sens, le consortium NC Eco œuvre depuis deux ans pour porter d’une seule voix les enjeux économiques et sociaux, se faisant ainsi le relais de l’ensemble des acteurs économiques locaux. "Il y a des urgences économiques très fortes. Je rappelle que plus de 18 000 personnes ont quitté la Calédonie depuis 2014. Chaque année, ce sont aussi près de 4000 jeunes qui rentrent sur le marché du travail mais malheureusement, les entreprises ne sont plus capables aujourd’hui de pouvoir les absorber. Ce qui veut bien dire que nous devons nous atteler à la vie économique et à la prospérité pour que l’on ait une paix sociale et pas seulement une paix politique."
Pour cela, NC Eco a défini des prérequis institutionnels, régaliens, macroéconomiques et microéconomiques qui reposent sur l’éducation et la formation, la fiscalité, la protection sanitaire et sociale, les échanges commerciaux, la gouvernance ou encore le multiculturalisme. "Tout cela ne va pas à l’encontre des politiques, mais vient compléter leur démarche en apportant une dimension supplémentaire et potentiellement un espace commun de consensus", a précisé le président de la CCI. Il compte remettre le document produit par NC Eco à la Première ministre au cours de la convention des partenaires prévue vendredi, à Matignon.
Un entretien à retrouver ici.