Crise en Nouvelle-Calédonie : 300 soignants alertent sur la santé des Calédoniens "en danger" dans une tribune

A Dumbéa, à proximité du Médipôle, le jeudi 23 mai 2024.
Près de 300 professionnels de santé en Nouvelle-Calédonie lancent un appel solennel au travers d'une tribune baptisée "Notre santé en danger" ce jeudi 13 juin. Une lettre pour faire part de leurs préoccupations, quant à la situation du système de santé calédonien “qui s’enlise”. Ils dénoncent également l’absence de perspectives à l’horizon.

Un appel qui unit les professionnels de santé de tout horizon. Médecins, aides-soignants, infirmiers, dentistes, psychologues, chirurgiens, sage-femmes, kinésithérapeutes, orthophonistes et associations de malades. Des soignants, qui exercent sur l’ensemble du territoire et au sein de différentes structures : du Médipôle en passant par la Clinique de Nouville, le Centre hospitalier du Nord, le CHS, les Ehpads, ou encore les personnels en libéral et qui exercent dans les dispensaires.

Un risque d'achever le système de santé en quelques jours

Près de 300 professionnels de santé au total ont signé cette tribune. Un appel, qui revient tout d’abord sur le modèle de protection sociale calédonien, basé sur la solidarité, qui “protège l’ensemble des Calédoniens sans aucune distinction, des principaux risques : maladies, vieillesse, maternité, accident du travail, invalidité et décès”. Un système de santé calédonien, “fondé sur l’enseignement médical français, devenu une référence en termes de qualité et de prise en charge dans tout le Pacifique”.

Selon ses signataires, si cet acquis est “une valeur partagée par tous les Calédoniens (…) les conséquences systémiques des événements débutés le 13 mai 2024 menacent d’anéantir tout ce que nous avons durement et patiemment construit”, assurent les professionnels de santé Calédoniens. Qui reviennent également sur les difficultés du RUAMM et de la CAFAT sur le territoire. Et les crises successives, qui ont “retardé la mise en oeuvre des politiques publiques, aggravant toujours plus la perte d’attractivité du territoire, notamment pour les professionnels qualifiés”.

La situation inédite rencontrée depuis quatre semaines, risque tout simplement d’achever en quelques jours, le système de santé que nous connaissons”, assurent les près de 300 signataires de la tribune.

Mise sous tutelle de la CAFAT par l'Etat

Entre des structures de soin détruites, inaccessibles ou pillées, une entrave à la liberté de circuler des patients et professionnels, une rupture des chaînes d’approvisionnement, un niveau de violence et une haine sans précédent, des caisses vides et une incertitude sur l’avenir du pays, le maintien du contrat social calédonien devient impossible”, martèlent les professionnels de santé.

Les soignants formulent deux demandes :

  • La première est adressée à l’ensemble des Calédoniens, d'aider les professionnels de santé à “continuer à assurer leur mission sereinement et sans distinction, conformément aux engagements déontologiques, en cessant toute forme de violence et en préservant les structures de soins de tout provocation identitaires ou revendications politiques”.
  • La seconde demande solennelle, est adressée aux élus. Les professionnels de santé souhaitent la mise sous tutelle immédiate de la CAFAT par l’Etat. “Puisque la Nouvelle-Calédonie, trop affaiblie, est dans l’incapacité de faire face aux besoins financiers colossaux engendrés par “ces nouveaux événements”. Sans visibilité financière sur l’équilibre des comptes sociaux et sans certitude de se faire payer, aucun professionnel de santé, ne pourra continuer à travailler”.

Une tribune dont les signataires rappellent l’objectif principal : “pouvoir continuer à vous soigner”, indiquent les près de 300 professionnels de santé.