Déferlante de réactions après l'abattage de requins bouledogues

Ce qui relève du «prélèvement» pour les autorités est vu comme un «massacre» par des opposants à cette mesure: l'abattage de requins bouledogues annoncé et mis en œuvre mercredi en Nouvelle-Calédonie pour sécuriser les rades de Nouméa a provoqué d'emblée une vague d'indignation. 
Pour protéger les humains, faut-il en venir à tuer des requins? Le sujet faisait rage dans la société calédonienne depuis la terrible attaque du petit Anthony par un bouledogue, dans une marina nouméenne. Mais il semble reparti de plus belle à présent que les autorités ont pris une décision à ce sujet. 

Instantané

Mercredi matin, le plan d'actions annoncé par la province Sud et la mairie de Nouméa était à peine dévoilé, que les réactions déferlaient. En particulier sur un point : l'autorisation donnée à «la capture et l'euthanasie» de vingt requins bouledogues dans l'immédiat. Avec la possibilité d'en «prélever» d'autres, si nécessaire, dans les dix-huit mois à venir.
 

Sea Shepherd : «une décision relativement étonnante»

Dans le chœur des critiques, aussi bien des citoyens lambdas que des associations environnementales, comme Sea Shepherd Nouvelle-Calédonie. «C'est une décision de la province relativement étonnante», considère son président Julien Chable, «parce qu'elle a été prise, on trouve, de façon très hâtive, sans aucune concertation [avec des experts], avec peut-être un manque de cohérence sur l'ensemble des actions». Il s'interroge également sur l'efficacité de ces abattages. 
Recueilli par Caroline Antic-Martin et Laura Schintu. 
©nouvellecaledonie
 

Succès immédiat pour la pétition

La vive opposition qui s'est manifestée s'est rapidement traduite par une pétition en ligne, intitulée «Non à l'abattage des requins en Nouvelle-Calédonie». Lancée peu avant midi, elle avait dépassé les 7 000 signatures dès le lendemain matin.
 
Le visuel de la pétition.
 

Premiers requins chassés

Au fil de l'après-midi, l'émotion est montée d'un cran avec la diffusion de photos et vidéos qui ont vite fait le buzz. On y voyait des requins déposés au moyen d'une sangle sur une camionnette, ou entreposés dans un conteneur qualifié par un témoin de frigorifique. Après renseignement, ces images ont en effet été prises dans la journée au port autonome de Nouméa, attestant que la pêche autorisée par la province a commencé de suite. 
 

Entreposés

Selon ce témoin que nous avons joint, l'opération a consisté à attacher des appâts à des bouées. L'observateur, qui n'a pas assisté à l'«euthanasie» proprement dite, estimait mercredi soir que cinq squales au moins avaient été ainsi capturés par des professionnels. Il s'est ensuite avéré qu'ils étaient sept. «Honte», «massacre», «horrible», «ridicule» sont quelques-uns des qualificatifs induits sur les réseaux sociaux par ces images et informations. 
 
Requins présentés par un témoin comme tués ce 12 juin à Nouméa.
 

L'invitée du JT

La directrice de l’Environnement de la province Sud était mercredi soir l’invitée du JT de NC la 1ere. Karine Lambert a qualifié d'«inévitable» ce type de réactions négatives. «C’est la mesure de prélèvement qui a le plus marqué les esprits et qui fait réagir. C'est une réaction qui s’entend, qui est potentiellement légitime», a-t-elle répondu à Thérèse Waïa avant d'évoquer un besoin d'explication auprès de la population. 
Retrouvez son entretien.
©nouvellecaledonie
 

Association réunionnaise

A l'inverse, d'autres ont rapidement salué la décision des autorités. Des particuliers ou des associations. Telle Océan Prévention Réunion qui, comme son nom l'indique, s'intéresse à la problématique des requins, mais à La Réunion. «Entre autres mesures d’information et de réglementation, la décision de pêcher vingt bouledogues est une première étape incontournable vers un retour à l’équilibre», applaudit le président d'OPR dans un communiqué relayé par les médias.
  Une réaction relayée sur une page Facebook elle-même favorable à «la prévention du risque d'attaque de requins». A savoir «Nouvelle-Calédonie Prévention Requin», en cours de constitution en association.