Événement politique important, à Paris. Dans la nuit de mardi à mercredi, heure de Nouméa, le Sénat a étudié le projet d'élargir le corps électoral provincial en le rendant "glissant". Le texte de loi constitutionnelle prévoit de l'ouvrir aux personnes vivant en Calédonie depuis au moins dix ans au moment du scrutin. Le texte a été modifié après adoption de certains des amendements déposés. Voici ce qu'en disent les représentants des groupes politiques au Congrès.
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Philippe Gomès, Calédonie ensemble : “Le Sénat a été plein de sagesse”
“Je crois que le Sénat a été plein de sagesse”, réagit l’ancien député. “Il a décidé de faire primer par-dessus tout la nécessité d’un consensus entre les Calédoniens, et d’un consensus entre les Calédoniens et l’Etat. Désormais, quel que soit le moment auquel interviendra un accord, la procédure constitutionnelle qui a été engagée sera suspendue.” Philippe Gomès d’ajouter : “C’est une bonne chose pour notre pays. Ça nous donne plus de temps pour renouer les fils du dialogue entre nous et, je l’espère, construire le grand accord dont notre pays a besoin.”
Omayra Naisseline, UC-FLNKS et Nationalistes : “Il a été dit qu’il faut un accord global”
“Le FLNKS et toute la mouvance indépendantiste et nationaliste ont demandé le retrait du texte”, confirme l’élue des Îles. “Nous avons pris acte de ce qui s’est passé au Sénat. En tous les cas, il a été dit qu’il faut un accord global et l’Accord de Nouméa reste le socle des discussions.” Omayra Naisseline poursuit : “On sera très attentifs à ce qu’il va se passer au niveau de l’Assemblée nationale. Ce qu’on peut retenir aussi, c’est que le Sénat et les élus de la Nation [prennent] de plus en plus en compte la réalité, malgré tout, de ce qui se passe en Calédonie.”
Jean-Pierre Djaïwe, Uni : “De la souplesse dans cette politique de tension”
“Philippe Bas, sénateur rapporteur, a essayé d’apporter un peu de souplesse, dans cette politique de tension que mène le gouvernement”, observe Jean-Pierre Djaïwe. “Il veut toujours privilégier la discussion entre partenaires calédoniens, pour parvenir à un accord politique global. C’est, je pense, le sens des amendements qu’il a pu apporter.” Mais le chef de groupe s’interroge sur la suite des négociations. “Nos amis d’en face, les loyalistes, nous traitent de représentants illégitimes. Est-ce qu’ils voudront revenir autour de la table ? C’est toute la question.”
Virginie Ruffenach, Rassemblement : “Ce dégel va dans le sens d’une Calédonie unie”
“Une très bonne nouvelle”, se réjouit la vice-présidente du Rassemblement. “Des milliers de Calédoniens sont privés de ce droit essentiel de voter. 12 000 personnes nées sur le Caillou, et des personnes qui ont fondé leur vie en Nouvelle-Calédonie.” Virginie Ruffenach observe : "Ça fait des années qu’on se bat pour que la Calédonie soit unie, du point de vue de sa société. Ce dégel va dans ce sens. Avec encore une forte restriction, puisque dix ans, c’est très long. Mais au moins, la perspective pour chacun de pouvoir être citoyen de ce territoire un jour.”
Sonia Backès, Loyalistes : “Difficile de faire comprendre la Calédonie à Paris”
“C’est difficile, de faire comprendre la Nouvelle-Calédonie à Paris”, en retient la présidente de la province Sud. “Il y a eu un risque parce qu’à un moment, un amendement prévoyait de ne dégeler qu’une seule fois. Cet amendement, finalement, n’est pas passé. Mais on voit bien que les choses ne sont pas réglées”, continue Sonia Backès. ”C’est pour ça qu’on appelle à manifester demain devant le Congrès, parce que la question du dégel n’est pas réglée. La question de la répartition du Congrès n’a pas été adoptée hier. C’est le moment ou jamais de se faire entendre à Paris.”
Les réactions en images par Brigitte Whaap et Christian Favennec :