Filière porcine : comment réduire le coût de l'alimentation des bêtes ?

La filière porcine tenait ses premiers états-généraux ce jeudi, à Païta. Eleveurs, bouchers, distributeurs ont travaillé autour de cinq tables rondes thématiques. L’occasion d’évoquer les difficultés qui pèsent sur la production locale, notamment en ce qui concerne l’alimentation des animaux.

Il y avait urgence à se réunir, selon l'Upra porcine. La filière est aujourd'hui en difficulté. Elle tente de trouver un équilibre entre la qualité de sa viande et les coûts de production. 


Moins d'importations

La Nouvelle-Calédonie compte aujourd’hui une trentaine d’élevages professionnels. Ils produisent une moyenne annuelle de 3 000 tonnes de viande. Et pour nourrir 35 000 animaux chaque année, il faut beaucoup de céréales, dont la quasi-totalité est importée, aujourd’hui. "Peut-être qu'on devrait monter une usine ici, qui fabrique de l'aliment pour porcs, et monter plusieurs filières. Planter du sorgo, du maïs et puis réunir dans une coopérative qui fabrique une production, pourquoi pas" suggère Christophe Rousseau, gérant de la "boucherie du chef" à Païta et président du groupement des bouchers. 

Aujourd’hui, l’alimentation, la matière première, représente 70 % du coût de production de la viande de porc. "Il faut, je pense, aller dans ce sens-là, même si ça nécessite plusieurs années de recherches pour trouver les bonnes solutions puisqu'on le voit, on ne peut pas continuer à être dépendant des importations, indique Samuel Prévost, le directeur de l'Interprofession viande de Nouvelle-Calédonie. C'est prendre trop de risques, aussi bien en termes de coûts qu'en terme de disponibilité". 

Maintenir une viande de qualité

Si l’idée est intéressante, les besoins des éleveurs sont exigeants pour que la viande soit de qualité.

Nos formules d'aliments, que l'on utilise, sont à 70% du blé et le reste, du concentré, des matières premières. Le blé en Calédonie, il y a eu des essais, ce n'est pas très concluant. Ce n'est pas une zone qui est faite pour des gros champs de blé. Il y a des formules de maïs. Mais il faut qu'elles soient vraiment pointues, pour ne pas que le porc prenne trop de gras.

Clarence Devaud, éleveur à Kaala-Gomen

Sylvie Birot Di Folco est la présidente de l’Upra porcine, également éleveuse installée à Mouirange, au Mont-Dore. Pour elle, la qualité est très importante, jusque dans la génétique. "On fait venir de la semence congelée de Métropole pour renouveler le sang, pour améliorer la conformité du cochon, pour qu'il soit moins gras. Il y a des gros efforts et on en fait tout le temps, on essaie toujours de s'améliorer" dit-elle.
D’autant plus que les consommateurs s’intéressent de plus en plus à la qualité de la viande, avec le moins de produits chimiques possible. Autre problématique, liée : la ressource en eau, indispensable pour nourrir les animaux. Le porc reste en effet un gros consommateur d’eau.

Et pour porter la filière, les professionnels souhaiteraient créer un évènement dédié au porc calédonien. Une grande foire pour présenter les éleveurs et la qualité du produit.