L’escale du Soleal à l’îlot Kouaré fait polémique

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En début de semaine, le bateau de croisière le Soleal a fait escale à l’îlot Kouaré, soulevant l’indignation de certains usagers du lagon et de coutumiers de l’île Ouen. Pour eux, cette escale menace le lieu inscrit au patrimoine de l’Unesco. De son côté, la province Sud estime que la compagnie respecte la réglementation et se dit favorable à ce tourisme dit «d’expédition.  »

Cap sur Kouaré pour un état des lieux. Lundi, comme beaucoup de Calédoniens, les coutumiers de l’île Ouen ont découvert un post montrant le Soleal et ses passagers en escale sur l’îlot. Pour eux, "il est inadmissible qu’un bateau de croisière mouille dans cette zone inscrite au patrimoine mondiale de l’Unesco, placée sous la surveillance du comité de gestion de l’île Ouen."

"Nous ne sommes pas au courant du tout que ce paquebot allait venir mouiller à l’îlot Kouaré, déplore Pascal Wadecla, membre du conseil des chefs de clans à l’île Ouen. D’autant plus que cette zone, comme je l’ai dit, fait partie de la zone coutumière. Donc la vision coutumière, c’est nous qui l’avons. Pour moi, c’est une insulte envers le peuple kanak."

"On a vu plein d'oiseaux. Ils sont en pleine ponte."

De plus, s’indignent les coutumiers, ces croisiéristes dérangent les oiseaux de mer en pleine période de nidification. "On a vu plein de nids d’oiseaux, raconte Louis Combo, président du conseil des chefs de clans de l’île Ouen. Ils sont en pleine ponte. Il y a plein d’oeufs. Des nids de tortues de l’autre côté. D’où la colère. En arrivant tout à l’heure, ils étaient tout excités. Au bout de 20-30 minutes, ils sont redevenus calmes. J’imagine les personnes autour de l’îlot. Elles étaient là pendant combien de temps? Une heure? Deux heures? Les oiseaux devaient être déboussolés."

Des oiseaux suivis de près par les gardes-nature de la province Sud. Si ces noddis semblent peu sensibles à la présence humaine, certaines espèces comme les sternes sont très vulnérables. Quand elles nidifient au sol, les gardes-nature hissent le drapeau rouge signifiant « débarquement interdit ». Pour l’heure, aucun drapeau. Les passagers du Soleal étaient donc bien autorisés sur Kouaré, un îlot ouvert au public.

Si les noddis semblent peu sensibles à la présence humaine, certaines espèces comme les sternes sont très vulnérables.

"Aucun impact environnemental aussi bien sur la faune que sur la flore"

"Nous avons eu les garde-nature qui, hier, ont fait un déplacement sur site et ils ont pu constater sur le terrain qu’il n’y avait aucun impact environnemental aussi bien sur la faune que sur la flore, assure Nicolas Pebay, directeur du développement durable des territoires à la province Sud. Il n’y avait pas de nid abandonné, ni de branches cassées. Après avoir pris au retour des informations auprès du capitaine du bateau, le mouillage avait été fait au bon endroit."

En outre, insiste la province Sud, la compagnie du Ponant, maintes fois certifiée et labellisée, pratique un tourisme de croisière respectueux de l’environnement.

"La compagnie du Ponant répond complètement à la stratégie de développement de tourisme durable de la province Sud puisqu’on est vraiment sur une clientèle qui souhaite découvrir la faune et la flore, indique Iolani Martin, chef du service tourisme de la province Sud. Ce sont des escales d’expédition encadrées par des naturalistes. Ce sont des gens qui sont soucieux d’aller découvrir les populations, la culture et la diodiversité de la Nouvelle-Calédonie."

Ce jeudi matin, les coutumiers de l’île Ouen étaient reçus par le gouvernement. Décision a été prise d’annuler l’escale du Soleal sur Kouaré, prévue demain, vendredi.