L’exportation du thon vers le Japon menacée par la suspension du vol Nouméa-Tokyo

Prises de thon sur le quai des pêcheurs à Nouméa.
C’est l’une des conséquences de la suspension de la ligne Nouméa-Tokyo. La filière pêche risque de pâtir de cette décision d’Aircalin, plus précisément pour le thon commercialisé au Japon. En cette saison où les palangriers opèrent de belles prises, les perspectives sont inquiétantes.

Une course contre-la-montre s'est engagée pour le thon calédonien à destination du Japon. Ce vendredi matin, le Drehu, l'un des huit palangriers de la société Navimon, sort de ses cales 600 pièces de thon, dont 200 de thon jaune. C'est cette espèce qui est vendue aux Japonais.

Les deux armateurs présents sur le quai de pêche, Navimon et Pescana, s'affairent pour envoyer leur cargaison par le vol Nouméa-Tokyo prévu dans la nuit du 16 au 17 août. Pierre Heutro, le capitaine du Drehu, est content de sa pêche. "Six cents pièces, ça équivaut à 13 ou 14 tonnes."


Un avenir compromis

À l'autre bout du quai, le navire de la société Pescana a fait, lui aussi, une belle campagne : huit cents pièces de thon, dont quatre cents de thon jaune. De quoi avoir le sourire.

Malheureusement, l'avenir de ces exportations vers le Japon est compromis. "Le souci qu'on va rencontrer maintenant, c'est qu'Aircalin a décidé d'arrêter cette ligne entre Nouméa et Tokyo, à la fin du mois d'août, rappelle Mario Lopez, le directeur de Pescana et Armement du Nord. Ensuite, nous ne savons pas comment nous pourrons envoyer du thon jaune en direct au Japon, qui est notre client depuis vingt ans."

On arrivera peut-être à trouver des alternatives mais jamais dans les quantités ni la qualité de la relation.

Sabrina Bouyer, directrice de Pacific Tuna


Un marché "de proximité"

Selon les chiffres de la Nouvelle-Calédonie, la production de la pêche hauturière représente 2 500 tonnes par an, dont 300 à 500 tonnes qui sont exportées par avion vers le Japon.

La particularité de ce marché, c'est la proximité. "Ça marchait très bien comme ça depuis trente ans. J'ai peu d'espoir de trouver [un marché] identique", déplore Sabrina Bouyer, la directrice d'exploitation de Pacific Tuna. On arrivera peut-être à trouver des alternatives mais jamais dans les quantités ni la qualité de la relation."


Deux fois plus cher en passant par Singapour

Les sociétés de pêche déplorent cette décision très préjudiciable pour la filière. Car même en imaginant un autre marché et un autre transporteur, l'option se retrouve vite confrontée au coût du fret. "L'option qu'on a eue est celle de passer par Singapour mais ça double le prix du fret, souligne Mario Lopez. Et le thon jaune au japon est vendu aux enchères. Donc on ne connaît le prix de vente qu'une fois arrivé au Japon.

Pacific Tuna, qui commercialise le thon de Pescana et Navimon, exporte en moyenne sept tonnes de thon jaune vers le Japon. L'entreprise redoute la perte de ce marché du fait de la suspension annoncée de la ligne Nouméa-Tokyo par Aircalin.

Le reportage de Thérèse Waïa et Carawiane Carawiane 

©nouvellecaledonie