La Guyane fait grise mine : coup d’arrêt à la petite industrie minière

Luc Gérard NYAFE est le PDG du groupe Auplata
Un sérieux revers pour l’exploitation légale de l’or en Guyane et une nouvelle victoire pour les opposants à l’industrie aurifère. Le tribunal administratif de Cayenne a annulé deux arrêtés préfectoraux autorisant la production de l’usine de "Dieu Merci". 90 emplois locaux sont menacés.

Le petit site industriel du principal producteur d’or de la Guyane française a nécessité 30 millions d’euros d’investissement. Il emploie 90 salariés. 253 kg d’or ont déjà été produits dans l’usine de "Dieu Merci", pour un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros par mois. 

La société Auplata (AMG) n'aurait pas respecté le délai de 3 ans imparti pour faire fonctionner son usine de traitement du minerai aurifère.

Salariés guyanais pendant la construction de l'usine de Dieu Merci en Guyane

Le producteur d'or français Auplata Mining Group (AMG) a plongé en Bourse de 21,13% à 0,04 euros euros, à la reprise de la cotation de son action. La décision du tribunal administratif de Cayenne implique la mise à l'arrêt de l'usine et de la mine du groupe en Guyane.

Luc-Gérard Nyafe, le PDG d’Auplata (AMG) estime que "le coût de la fermeture du site est de 2 millions d'euros et qu'à court terme le manque à gagner est de 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires par mois".

Le tribunal administratif de Cayenne (Guyane) a annulé l’arrêté préfectoral de novembre 2015 qui autorisait le groupe Auplata à exploiter son usine de lixiviation aurifère sur le site de Dieu Merci, à proximité de la commune de Saint-Elie. 

Vue de l’usine de la compagnie minière Auplata implantée à Saint-Elie.

 

Une histoire industrielle compliquée

L’unité, opérationnelle depuis mars 2020, était la seule autorisée à utiliser la cyanuration en circuit fermé pour extraire l’or du minerai. La technique est utilisée dans le monde entier, mais elle suscite l’opposition permanente des associations écologistes en Guyane, pour ses impacts éventuels sur l’environnement.

Auplata avait coulé ses premiers lingots d’or en décembre 2020. L’or est extrait des anciens résidus miniers, sans rejet toxique dans l’environnement. Les résidus contiennent encore des particules de métal précieux.

La justice ne s’est pas prononcée sur le recours au cyanure en circuit fermé. Le tribunal administratif a estimé qu’Auplata n’avait pas respecté le délai de trois ans qui lui était fixé pour ouvrir son usine. "Ce retard s’explique principalement par des non-conformités des installations", a déclaré Guyane Nature environnement, à l’origine du recours devant la justice au côté de France nature environnement.

La décision va stopper l’usine et devrait mettre ses salariés guyanais au chômage. Sa mise à l’arrêt devrait coûter 2 millions d’euros, selon Auplata.

"Ce jugement est d’autant plus dommageable qu’il intervient au moment où le groupe, après d’importants investissements, a atteint la rentabilité opérationnelle", a précisé Auplata dans un communiqué. L’entreprise assure "étudier toutes les possibilités juridiques et administratives qui lui sont offertes". En attendant, les salariés guyanais du site industriel vont probablement perdre leur emploi.

Reportage : le désarroi des salariés de l'usine de "Dieu Merci".

Reportage de Jocelyne Helgouach Martial Gritte S.Palmy et Michel Peslier.

Avec les réactions de Thierry Roger, responsable de la base vie de "Dieu Merci" Henos Dameus, chef d'équipe de l'usine Auplata, Amandine Bruno Technicienne chimiste, Guillaume Leclerc Directeur du groupe minier Auplata en Guyane

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