"Nous tenions à vous rencontrer en premier, pour vous montrer le respect que nous avons envers vous, votre histoire et votre terre". Il aura suffi d'une déclaration de Yaël Braun-Pivet pour donner le ton de la rencontre, voire peut-être de leur visite, ce lundi 10 novembre au Sénat coutumier.
Les présidents des deux chambres reconnaissent oralement la place de la structure dans l'organisation du pays : elle joue selon eux un rôle crucial, celui de porter la parole du peuple kanak auprès des institutions calédoniennes et de l'Etat.
"Je n'oublie pas que depuis Matignon jusqu'à Nouméa, qui vit la naissance du Sénat coutumier, votre rôle est important. Vous devez contribuer à ce que nous souhaitons : le dialogue pour la paix retrouvée, pour la sérénité et la conjugaison de deux rêves qu'il n'est pas impossible de faire conjuguer", lance Gérard Larcher lors de la coutume d'accueil.
Des propositions concrètes
Pour construire ce rêve partagé, l’Etat doit rester "un partenaire neutre", insistent en réponse les membres de l'organisation coutumière, qui se veut être une force de proposition. L'Accord de Nouméa, estime-t-elle, doit être prorogé d'une ou deux mandatures.
"Qui dit prolongation de l'Accord de Nouméa dit période de transition de cinq ou dix ans, avec au terme, le référendum d'autodetermination qui portera sur la question du lien entre la Nouvelle-Calédonie-Kanaky et la France", suggère le président du Sénat coutumier Eloi Gowé, dans l'hémicycle face à ses invités.
C'est la première fois qu'un représentant de l'institution se prononce aussi clairement et concrètement pour une solution de sortie de crise depuis le début des exactions.
"Construire des ponts"
Le Sénat coutumier souhaite aussi une meilleure reconnaissance des droits du peuple autochtone et sa traduction dans les politiques publiques. Depuis les violences insurrectionnelles du 13 mai, il estime pouvoir apporter, au-delà de sa mission coutumière, une réponse aux divisions politiques.
"Les gens que l'on a mis au pouvoir sont constitués en blocs radicalisés. On pense que la participation du Sénat va apaiser et construire des ponts entre ceux qui sont chargés de nous gérer politiquement", confie Eloi Gowé.
Aujourd’hui le Sénat coutumier souhaite devenir un acteur à part entière dans la construction du pays. Il espère donc avoir une place au côté des partenaires historiques lors des futures discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.
Retrouvez ci-dessous le reportage de Malia Noukouan et Gaël Detcheverry :