Cétacés très discrets, les grands dauphins de l’Indo-Pacifique sont pourtant bien présents en Nouvelle-Calédonie. Une étude menée par les scientifiques d’Opération Cétacés et de l’IRD, basée sur 25 ans de données, vient de montrer que l’espèce est fragilisée par l’activité humaine.
Beaucoup plus timide que son cousin le dauphin long-bec, celui qui vient nager à l’étrave des bateaux, le dauphin de l’Indo-Pacifique est pourtant bien présent dans les eaux calédoniennes. Pendant deux ans, Opération Cétacés et l’IRD ont mené une étude, qui vient de faire l’objet d’une publication scientifique, sur cette espèce. Au total, 338 individus différents vivants dans trois communautés côtières du sud de la Calédonie ont été scrutés à la loupe, grâce à 25 ans de données collectées par les différents instituts scientifiques. Photographies, zones de localisation, interactions entre individus et entre communautés, tout a été minutieusement décortiqué.
30% des blessures dues à l’homme
Parmi les principaux enseignements, l’impact de l’activité humaine sur les conditions de vie de ces dauphins a été mis en évidence. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont travaillé sur les cicatrices visibles sur les nageoires dorsales des cétacés. « Cela permet d’une part de reconnaître les individus, explique Claire Bonneville, ingénieure d’études à l’IRD et bénévole de l’association Opération Cétacés. Ensuite, on creuse un peu plus loin et l’on regarde si cette cicatrice est due à une attaque de requin, à une interaction avec d’autres dauphins ou des rencontres avec l’homme que ce soit la pêche ou des collisions. »
Et le constat est sans appel, de nombreuses cicatrices, près d’un tiers, sont dues à des coups d’hélice. Opération Cétacés invite donc les plaisanciers à ralentir à leur approche. Car les dauphins de l’Indo-Pacifique ont une autre fragilité : les communautés ont peu d’interactions entre elles. En cas de menace sur l’une d’elle, elles ne peuvent compter sur les autres pour se repeupler.
Claire Bonneville, ingénieure d’études à l’IRD, au micro de Stéphanie Chenais