“Les émeutes ont fini de nous mettre la tête sous l’eau”, alerte le président de la Fédération calédonienne du BTP

Les membres de la Fédération calédonienne du BTP réunis, ce mercredi 27 novembre 2024.
Le secteur de la construction est en grande difficulté, en Nouvelle-Calédonie. Cela fait des années que les professionnels du BTP alertent, mais six mois après le début de la crise, le manque de visibilité inquiète.

Selon le président de la Fédération calédonienne du BTP Benoît Meunier, 10% des entreprises de la construction ont subi des exactions, en Nouvelle-Calédonie depuis le 13 mai. Des destructions, aux lourdes conséquences.

Tout le secteur privé, ne va pas réinvestir et reconstruire, tant qu’ils n’auront pas une vision institutionnelle stable sur le territoire et tant qu’ils ne sont pas sûr que s’ils reconstruisent, ils seront couverts par une garantie émeutes. Cette garantie émeute, maintenant, est supprimée sur tous les contrats”, regrette le professionnel. “Le peu d’information que l’on a, sur une possible réassurance, c’est à des taux exorbitants”.

80% des entreprises du BTP n'ont pas de visibilité 

Une nouvelle crise, qui s’ajoute à celle déjà traversée depuis plusieurs années par le secteur. “Cela fait plusieurs années, qu’on tire la sonnette d’alarme. Les émeutes, ont fini de nous mettre la tête sous l’eau”, poursuit Benoît Meunier.

Selon lui :

  • 80% des entreprises ont eu une baisse de leur chiffre d’affaires de plus de 30%,
  • 42% recensent une perte de chiffre d’affaires de plus de 50%, depuis le mois de mai,
  • 80% des entreprises n’ont pas de visibilité, pour les 3 prochains mois,
  • Une entreprise sur deux cessera son activité dès janvier 2025, s’il n’y a pas de reprise du secteur.

Cela représente au total sur le territoire, 3 000 salariés. Certaines sociétés ont déjà mis la clé sous la porte “et là, actuellement, il y en a beaucoup qui font des licenciements économiques”, assure le président de la FCBTP.

"Il n'y a pas de calendrier clair"

Les professionnels du secteur regrettent aussi les annonces de l’État réalisées sans visibilité concrète. “Il y a beaucoup d’annonces de l’État, avec des milliards injectés. Mais, concrètement, on ne voit rien sur le terrain”, indique Benoît Meunier.

L’État a annoncé qu’il participerait à la prise en charge de la reconstruction des écoles et des bâtiments publics. Mais cela fait six mois que les exactions ont eu lieu et aucun appel d’offres n’est sorti. On n’a toujours pas la liste des ouvrages qui vont être reconstruits. Il n’y a pas de calendrier clair, sachant que nos entreprises ont trois mois de visibilité”.

Selon le président de la Fédération, de nombreuses entreprises vont devoir fermer leurs portes fin février faute de contrats. “Pour l’instant, on ne sait pas quels chantiers il va y avoir. On ne peut pas gérer une entreprise au jour le jour, ce n’est pas possible”, conclut Benoît Meunier.