Longue maladie : la Cafat ne signalera plus la fin de la prise en charge

Consultation dans un cabinet médical.
Jusqu’ici la Cafat prévenait les patients et leurs médecins référents en amont, pour que ce dernier puisse prolonger le classement en affections longue durée si besoin. Mais depuis le début du mois ça n’est plus le cas, et cela a des conséquences pour le malade et le professionnel de santé, selon le Syndicat des médecins libéraux.

Si votre pathologie a été reconnue comme longue maladie, vérifiez bien la date limite de votre prise en charge. Dans une lettre adressée aux généralistes en décembre 2022, la Cafat annonce qu'il n’y aura plus de courrier d’alerte trois mois avant la date d’échéance de la prise en charge d’une affection longue durée.

Guide pratique "Longue maladie, la Cafat avec vous", 2022

Défaut de soins

"J'ai déjà eu une personne en situation difficile depuis le début de l'année, témoigne Marie-Laure Gaudillier, la présidente du Syndicat des médecins libéraux. Sa prise en charge s'est arrêtée sans que personne ne soit au courant. Elle a quand même payé ses médicaments car elle voulait se soigner, mais peut-être que des patients ne pourront pas financer leur traitement chronique. Certains coûtent très cher."

Cela peut entraîner, au moins temporairement, une carence en soins avec des conséquences importantes pour la santé.

Marie-Laure Gaudillier, présidente du SML

Surcharge administrative

Ce changement entraîne également plus d'actes administratifs pour le médecin référent, qui peut suivre en plus de sa patientèle jusqu’à 200 Calédoniens diabétiques ou hypertendus. Cela signifie qu'il aura moins de temps de soins à proposer au malade pour Marie-Laure Gaudillier. "En cette période où on est de moins en moins nombreux en tant que médecins, phénomène qui va encore s'accélérer, la charge de travail va être beaucoup plus importante pour chacun de nous. Avec toujours plus d'administratif, on ne pourra pas assurer sur tous les plans. On ne fait qu'aggraver une situation qui est déjà tendue, et qui met déjà en situation de défaut de soins certains patients."

Si on ajoute à la médecine générale du travail administratif qui n'en finit plus, parce que la Cafat elle-même n'arrive pas à financer de l'administratif, je pense qu'on enfonce le clou pour que le système s'écroule à un moment

Marie-Laure Gaudillier, présidente du SML

1500 courriers par mois

Le SML passe le message pour que les Calédoniens atteints de longue maladie s’impliquent dans le suivi de leurs documents médicaux. Pour expliquer cette évolution, la Cafat évoque la "charge de travail importante que cela représentait d'envoyer 1500 courriers par mois. Au vu de nos effectifs contraints, écrit Pierre Régnard, le directeur du contrôle médical, nous avons décidé d'arrêter les lettres de rappel."

Les médecins et les assurés sont parfaitement au courant de la date de début et la date de fin de la longue maladie, c'est à eux de gérer ça

Pierre Régnard, directeur du contrôle médical à la Cafat

Autre aspect souligné par le directeur du contrôle médical à la Cafat : "Cela incitait les assurés à demander une prolongation, alors que celle-ci pouvait potentiellement ne plus être médicalement justifiée, et occasionner ainsi un refus."

Selon la caisse, 45 000 Calédoniens étaient atteints de longue maladie en juin 2022, ce qui représentait environ 52% des dépenses de santé du RUAMM.