"Notre souveraineté ne pourra qu'être immédiate, pleine et entière et non négociable", lance Daniel Goa en ouverture du Codir de l'Union calédonienne

Daniel Goa, le président de l'Union calédonienne
Alors que l'Union calédonienne s'est réunie en comité directeur ce samedi 8 juin à Canala, son président Daniel Goa a fustigé le gouvernement central et posé plusieurs préalables à une reprise des discussions, lors de son discours d'ouverture. Il a évoqué une souveraineté "non-négociable" qu'il souhaiterait voir proclamée "le 24 septembre".

A l'instar des militants du Palika réunis ce week-end pour faire le point sur la crise que traverse le territoire, ceux de l'Union calédonienne se sont rassemblés lors d'un comité directeur ouvert ce samedi 8 juin à Canala. Comme à chaque réunion du parti ou presque, l'évènement a débuté par une prise de parole de Daniel Goa. 

Un discours résolument critique vis-à-vis de l'Etat, dans la continuité des précédentes interventions du président du parti. Daniel Goa a ainsi pointé un "inutile et injuste conflit colonial dans lequel la France et son président Macron, ses ministres Darmanin et Lecornu portent seuls la responsabilité".

"Nous savions tous, nous avions prévenu, la CCAT avait communiqué, attiré l'attention de tous qu'il ne fallait pas toucher à un accord politique fondamental pour le peuple Kanak et pour notre reconnaissance", a poursuivi l'ancien maire de Hienghène, moquant plus loin "l'impréparation" de l'Etat "en termes de moyens, d'effectifs et de tactique de terrain, sa défaillance du renseignement, des manquements dans la chaîne de commandement et de logistique".

"Face à la panique de ceux qui détiennent les compétences régaliennes, nous avons eu l’impression d’avoir en face une bande d’amateurs en déroute", a continué Daniel Goa, par ailleurs catégorique concernant le financement des réparations après les destructions de ces dernières semaines. "Nous ne paierons rien", a-t-il lancé, estimant que les dégâts résultaient des "manquements" du gouvernement central dans l'exercice "de ses seules compétences".

Une "souveraineté" au 24 septembre

En deuxième partie de discours, le président de l'UC s'est ensuite fendu d'une déclaration qui ne manquera certainement pas de faire réagir. "La France nous a tellement trompés que notre souveraineté ne pourra qu’être immédiate, pleine et entière et non négociable", a-t-il asséné, tout en proposant une date "pour la déclarer" : le 24 septembre 2024, soit le 171e anniversaire de la prise de possession du territoire par la France. C'était du moins la date mentionnée sur le script envoyé par l'Union calédonienne avant que le parti ne relaie une version corrigée, évoquant cette fois-ci le 24 septembre 2025.

Une souveraineté que Daniel Goa souhaiterait "irréversible, garantie et validée par le C24", à laquelle pourrait être ajoutée "une période de transition pour le retrait politique de l'Etat et le calendrier de la rétrocession des compétences régaliennes"

Que la France valide ou non cette option, "cela ne changera rien pour nous", a complété le leader du parti, affirmant qu'une "cinquantaine de pays sont prêts à nous reconnaître et à nous soutenir internationalement". Des démarches seront également menées dans les prochains mois auprès du groupe des BRICS et des pays non-alignés à en croire Daniel Goa, qui a en outre évoqué la possibilité pour les indépendantistes de "s'impliquer davantage sur le terrain" tout en excluant qu'il s'agisse d'une "menace".

Plusieurs préalables à la discussion

En dépit de cette déclaration d'intention, le cadre de l'UC a laissé la porte entrouverte à des discussions et posé pour cela trois préalables : "convoquer de nouvelles élections" pour "légitimer une nouvelle classe politique capable de s'engager", "instaurer un socle identitaire défini par une citoyenneté" et "modifier les circonscriptions législatives" de manière à augmenter les chances d'élection d'un député indépendantiste.

Des conditions qui, selon Daniel Goa, permettraient ensuite d'établir un accord portant sur trois volets : 

  • Une partie institutionnelle et politique "qui reprendra tous les acquis de l'accord de Nouméa" et amènera "le transfert immédiat de notre souveraineté"
  • Une partie relative à l'exploitation minière
  • Et un troisième volet nommé "économie résiliente qui stabilisera le tissu social et économique"

Après avoir posé ses conditions et sa vision de ce que serait un accord, le responsable indépendantiste a conclu son discours en appelant ses militants à rester "déterminés sur la voie de notre souveraineté", répétant que cette même souveraineté n'était "plus négociable" et que "seule une période de transition peut être discutée".

"Il n'y aura pas d'indépendance"

Une intervention, qui quelques heures après la diffusion du script, a fait l'objet d'un communiqué conjoint des Loyalistes et du Rassemblement. "Aucune indépendance ne sera imposée aux Calédoniens qui l'ont clairement refusée à trois reprises", écrivent-ils, en dénonçant un "discours extrêmement violent"

"Daniel Goa quémande le soutien du C24 désespérément. Pourtant, le comité [...] a salué le processus d’autodétermination mis en œuvre par la France depuis des décennies" et "reconnaît aussi la légalité et la légitimité des trois référendums qui ont acté le refus de l’indépendance par les Calédoniens et leur volonté souverainement exprimée de rester Français", pointent les deux partis.

"Ce ne sont pas de simples citoyens qui ont détruit la ville mais bien les miliciens de la CCAT et de l’UC, chauffés à blanc par des discours irresponsables et haineux comme celui de Monsieur Goa", poursuivent-ils avant d'affirmer que les responsables de l'Union calédonienne doivent "assumer la vérité".

"La seule issue possible est que l’ensemble des dirigeants indépendantistes participent courageusement à des négociations pour trouver un accord politique, seul en capacité de garantir un retour pérenne à la paix pour tous les Calédoniens", conclut le communiqué.