À Pouembout, Benoit Sauray, agriculteur depuis plus de trente ans, cultive melons, oignons, patates douces et carottes.
Ses carottes sont prêtes à être récoltées depuis mi-juin mais ses légumes sont restés en terre. En effet, impossible pour lui d'envoyer sa production à ses clients grossistes de Nouméa, à cause des barrages routiers. Conséquence : les carottes sont plus grosses et ne répondent plus aux normes du calibrage. "C'est trop gros...", se désole Benoît Sauray. "Vous voyez la floraison, c'est le signe que le cycle commence à être dépassé", explique-t-il en montrant ses pieds de carottes. Celles-ci ont été enfin ramassées et seront chargées dès samedi pour Nouméa.
Chaque livraison est une "aventure"
Près de 10 % de sa récolte sera vendue pour la transformation : un vrai manque à gagner pour cet agriculteur. "À moitié prix. D'habitude, en cette saison, on a en face de nous l'importation qui nous gêne un peu. Et là, en plus, on a des problèmes de circulation", commente Benoit Sauray.
Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, "un de mes plus gros clients c'était Carrefour. C'est 40% de volume en moins". Heureusement le maraîcher a d'autres clients qu'il livre lui-même, deux fois par semaine. Mais "chaque voyage est une aventure." Ce jour-là l'aventure se termine bien.
Après trois heures et demie de route, 1,6 tonne de carottes est arrivée à bon port. "C'est plus long que d'habitude parce qu'on est presque à l'état de labyrinthe, surtout à Poya. C'est la perte de temps qui est contraignante. Et puis on a l'habitude de rouler la nuit, pour arriver à l'ouverture du marché de gros, et là on arrive bien plus tard. Normalement je suis de retour chez moi entre dix et onze heures, mais là ça ne sera pas avant ce soir."