Covoiturage : première application mobile en vue en Nouvelle-Calédonie

L'application de covoiturage mobile doit sortir en décembre.
Une application de covoiturage est en train d’être testée par des salariés d’Enercal, de Caltrac et de la province Sud. Elle devrait être lancée en fin d’année. En Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Rencontre avec Nolann Charles, l’un de ses développeurs, basé à Nouville.

Comment changer les habitudes de déplacements des Calédoniens ? Les convaincre de lâcher le volant pour s’installer sur le siège passager d’un voisin ou d’un collègue ? De chercher à remplir leur voiture plutôt que de rouler seul vers la même destination que des dizaines d’autres personnes ? À la clé, moins d’embouteillages. Moins d’émissions de pollution. Moins de dépenses de carburants. Mais moins de liberté. Pour l’instant, c’est elle qui prime.

Faible population, trajets éparpillés, manque d'incitation : les freins sont nombreux

Le covoiturage n’est pas assez incitatif en Nouvelle-Calédonie.” C’est Nolann Charles qui le dit. Il y a un an, il a pourtant décidé de répondre à un appel à manifestation d’intérêt lancé par la province Sud. L’objectif : financer le développement d’une application mobile de covoiturage. Charge ensuite à ses créateurs de trouver les ressources pour la faire fonctionner. Première étape pour le Calédonien et son associé : étudier les raisons de “l’échec” de covoiturage.nc, un site lancé en 2016 par une association. Les quatre premiers mois, près de 2 000 trajets ont été enregistrés. Mais l’enthousiasme des utilisateurs s’est vite perdu dans l’absence de “matchs”. En cause la faible densité de population, “des trajets trop éparpillés” et le manque d’incitation, estime Nolann Charles.  

La cible : les entreprises

Pour y remédier, il a plusieurs idées. D’abord regarder si les subventions qui existent dans l’hexagone peuvent être applicables en Nouvelle-Calédonie. Le fond vert, par exemple. Il peut permettre aux communes de récompenser financièrement le covoiturage, avec l'aide de l’Etat. Y compris ici, d’après le Calédonien, qui a passé le message aux mairies du Grand Nouméa.

En attendant, il mise sur des partenaires pour offrir aux covoitureurs des places de cinéma, des bons carburants et autres réductions en échange de visibilité. Et surtout sur les entreprises. Le plan : leur proposer d’évaluer le coût des déplacements domicile-travail de leurs salariés, en CO2 et en francs ; de se fixer un objectif de réduction et de déterminer un budget pour l’atteindre. Ce budget pourrait financer des abonnements de transport en commun, des crédits de covoiturage, une application de covoiturage, etc.

Un ticket-restaurant de la mobilité ? 

Les trajets étant facteurs d'accidents et de pollution, pour Nolann Charles, ce serait normal que les entreprises les prennent à leur charge et tentent de les rendre plus vertueux, “dans le cadre de leur politique hygiène, sécurité, environnement”. Pour les encourager, il a imaginé la création d’un ticket mobilité, sur le modèle du ticket-restaurant, qui donnerait droit à des exonérations fiscales. Le gouvernement y réfléchit.  

Mais même sans promesse d’exonérations, ça n’empêche pas de se lancer, souligne le développeur. Trois sociétés ont choisi de soutenir l’initiative en Nouvelle-Calédonie. Enercal, Caltrac et la province Sud. Une partie de leurs salariés testent actuellement l’application, nommée Wigo. Leurs retours permettront de l’améliorer. Mais aussi de définir "des lignes “naturelles” de déplacement”. Des “points relais”, où les covoitureurs se donneront rendez-vous. Et des communautés par lieu de travail, quartier d’habitation ou loisirs. Une envie d’aller à Ouano faire du kitesurf ? Si une annonce est déjà postée, il sera possible de se greffer à un groupe. Sinon, de proposer le trajet, cite Nolann Charles.   

En Polynésie aussi

"En Métropole, dans les agglomérations de taille moyenne, on estime qu’il faut 400 utilisateurs” pour qu'offres et demandes se rencontrent. Un seuil que les développeurs de Wigo espèrent atteindre trois mois après le lancement de l’application. Celui-ci est prévu fin décembre. En Nouvelle-Calédonie. Et en Polynésie française, pour multiplier les chances de financement. Chez nos voisins, deux entreprises ont accepté d’embarquer leurs salariés dans l’aventure.