A Dumbéa, comme dans le reste de l’agglomération, les pompiers sur tous les fronts

Les sapeurs-pompiers de Dumbéa, devant leur centre de secours.
Ils ont triplé leurs effectifs depuis le début des émeutes. Comme leurs homologues de Nouméa, du Mont-Dore et de Païta, les pompiers de Dumbéa sont sur le pied de guerre pour éteindre les incendies en cascade et secourir la population.

Quand ils ont pris leur service lundi, à la caserne de Dumbéa, les pompiers ne se doutaient pas qu’ils y seraient encore, quatre jours plus tard. "Dès la première journée, avant les barrages, on a senti très vite une montée des tensions. C’est ce qui nous a permis d’anticiper et de nous organiser", témoigne le lieutenant Romuald Rigouin, adjoint du chef de centre de secours de Dumbéa. Les effectifs sont passés de sept à vingt-et-un sapeurs-pompiers, professionnels et volontaires. Et la salle de réfectoire a été transformée en poste de commandement opérationnel. "Ici, c’est le cœur névralgique, indique Romuald Rigouin. Cela nous permet de filtrer l’ensemble des appels et de les prioriser par ordre d’importance."

Une future maman escortée par le GIGN jusqu’à l’hôpital

Et la caserne ne chôme pas, depuis le début des violences. Des dizaines de commerces et d’équipements publics ont été incendiés ces derniers jours, sans compter le secours à personne. Dans ce contexte particulièrement dangereux, les pompiers ont renforcé la sécurité sur certaines interventions, avec l’appui de colonnes du GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie. Mercredi, ils sont ainsi venus en aide à une femme enceinte, qui était sur le point d’accoucher. "De son habitation à Auteuil, nous l’avons conduite jusqu’à la caserne. Puis c’est un véhicule avant blindé qui l’a transportée jusqu’à l’hôpital, en traversant l’avenue Wamytan, où il y avait des barrages, raconte l’adjoint du chef de centre de secours. Tout s’est bien passé pour elle et son bébé."

Des pompiers caillassés

Autre intervention, jeudi à 5 heures du matin, dans le secteur du centre commercial Kenu In. Dans ce quartier particulièrement visé par les émeutiers, les pompiers ont tenté d’éteindre les flammes sous la protection des gendarmes. "Mais c’était un coup d’épée dans l’eau", se désole le soldat du feu, face à l’ampleur du sinistre. À plusieurs reprises, les pompiers ont été ciblés par des caillassages. L’un d’eux a été touché à la tête par une pierre, alors qu’il rentrait chez lui en voiture. Et un autre s’est électrocuté en intervenant à la supérette Vival. Quatre véhicules d’intervention ont aussi été endommagés. Parmi les interventions marquantes, ces habitations en feu à Jacarandas. "Ce sont les enseignants du collège Edmée-Varin, qui vivaient là. Ils ont quitté leur pavillon pour se mettre en sécurité d’eux-mêmes."

Une équipe multiculturelle

Après des jours sur le terrain et peu de répit, la fatigue commence à se faire sentir dans les rangs. Ils sont plusieurs sapeurs-pompiers à avoir dépassé les 72 heures de garde. Et les nuits sont courtes, sur les lits picots. Entre deux interventions, les soldats du feu récupèrent des forces. Comme ce jeudi après-midi, à discuter dans la cour, musique tahitienne dans l’enceinte, pendant que les uniformes sèchent au soleil. "J’ai la chance de commander une équipe multiculturelle, se réjouit Romuald Rigouin. L’ambiance est très agréable ici et ils font fi de tout ce qui se passe en ce moment. Il y a énormément de fraternité entre nous. Et c’est le cœur de notre métier."