Crise en Nouvelle-Calédonie. Hémorragie de médecins et personnels médicaux au Médipôle

Un reportage de Sheïma Riahi et Franck Vergès. ©NC la 1ère
Depuis le 13 mai, le Centre hospitalier territorial Gaston-Bourret a déjà perdu environ un quart de ses effectifs. Une quarantaine de médecins, mais aussi 60 personnels médicaux et paramédicaux dont des infirmiers, des sage-femmes ou encore des kinés. En pleine crise, le Médipôle de Dumbéa, peine à recruter des professionnels et doit donc se réorganiser.

Une dizaine de lits fermés en pneumologie, mais aussi en gastro-entérologie… des services en souffrance comme la gynécologie et l'ophtalmologie. C'est la triste situation du Médipôle, deux mois et demi après le début des exactions. Les soignants partent en masse : une centaine au total depuis la mi-mai, dont une quarantaine de médecins.

"On a des départs anticipés, des ruptures de contrats, des annulations. C'est à cause du contexte politique, de l'insécurité et aussi parce que les conjoints ont perdu leur travail", explique Nicolas Labenski, secrétaire général du secteur santé-social à la Fédé.

Et l’hémorragie n’est pas prête de s’arrêter car d’autres départs sont à prévoir d’ici la fin du mois d’août. Si le phénomène n’est pas nouveau, il s’est amplifié avec les émeutes.

Vers une dégradation de l'offre de soins ?

La crainte pour tous, c’est une dégradation de l’offre de soins dans une Calédonie déjà bien affaiblie. "C'est une crainte que l'on peut avoir, qui n'est pas forcément liée à la quantité de départs, même si elle est importante", corrobore Emmanuel Soria de l'UT CFE-CGC. "C'est aussi lié aux spécificités qui ne sont qu'au CHT, comme la néo-nat, le SMUR, la coronarographie... Si vous perdez 5 à 10 agents sur ces secteurs là, cette spécialité tombe et les patients en pâtissent"

Réorganisation du CHT

Désormais, le CHT est donc contraint de se réorganiser. Comme l'explique Nicolas Labenski de la Fédé : "le personnel qui se trouvait dans les services où il n'y a plus de spécialité est redéployé dans d'autres services. Aujourd'hui, l'objectif est de maintenir tout ce qui concerne les activités essentielles." Faute de soignants, la situation va continuer de se dégrader entre octobre et février 2025, alerte un cadre du CHT.

Alors à quoi va ressembler l’hôpital public dans les prochaines semaines ? La direction du CHT n’a pas donné suite aux demandes d’interview. 

Cependant, selon un cadre hospitalier, des réflexions sont menées pour mettre en place des mesures pour faire rester les soignants, comme la mise à disposition de logement sur du long terme. Le CHT travaille aussi sur la coopération avec le CHU de Bordeaux et la région Aquitaine, là où sont formés les internes, en particulier les étudiants calédoniens.

Un conseil d’administration se tiendra, ce jeudi, au Médipôle.