La salle de boxe de Nouméa livrée aux lecteurs

Ambiance studieuse, à l'heure de fouiller les cartons de livres salle Kafoa de Rivière-Salée, le 9 mars 2024.
Environ six cent participants comptabilisés, plus de trois mille documents écoulés : à Nouméa, la médiathèque de Rivière-Salée s'est adonnée à un destockage exceptionnel, ce samedi. Par le nombre de livres, BD, CD et DVD proposés. Et par l'endroit choisi pour les écouler : une salle de boxe.

Autour du ring, des cartons. Des lecteurs petits et grands ont le nez plongé dedans. Mais pas besoin de se battre, pour chercher son bonheur parmi les 8 500 ouvrages dont la médiathèque de Rivière-Salée a choisi de se séparer. La bourse aux livres a lieu dans un endroit à la fois inhabituel et spacieux : la salle de boxe municipale Vincent-Kafoa. 

C’est un record de destockage. C’est aussi la première fois qu’on l’organise dans la salle Kafoa qui, au vu de la circulation des gens, s’y prête parfaitement.

Elodie Lalenet, cheffe de service conservation et valorisation du patrimoine à la mairie de Nouméa

Bourse aux livres 2024, Elodie Lalenet explique ©Françoise Tromeur / NC la 1ère

"Seconde chance"

À l’ouverture, pas de foire d’empoigne. Les prévoyants arrivés en avance, une vingtaine, jaugent les lieux et passent à l’attaque. Romans, BD, mangas, littérature jeunesse, pavés spécialisés… La tentation semble partout, à 200 F pièce. “Lorsqu’on fait l’inventaire, on est obligé de retirer des documents", explique Elodie Lalenet. "Soit parce qu’ils ont été trop empruntés, et ils commencent à être trop dégradés. Soit parce qu’ils n’ont pas rencontré leur public. On leur offre ici une seconde chance.”

En début de journée, beaucoup de familles.

"Comme des gosses"

Sébastien, père de famille habitant Dumbéa, cherche les BD de la médiathèque qu'il n'a pas eu le temps d'emprunter. "C'est triste, de voir que les livres partent, on ne les retrouvera pas à la bibliothèque. Au pire, on peut les acheter là. C'est vrai que j'aime bien lire, lire, lire", avoue-t-il, des étincelles dans les yeux. "On est un peu comme des gosses."

Bourse aux livres 2024, la passion de Sébastien ©Françoise Tromeur / NC la 1ère

Qu'il ne s'inquiète pas : il reste 38 000 ouvrages à la médiathèque de Rivière-Salée, environ dix mille à celle de la Presqu'île à Kaméré.

"Trop contente"

Regard brillant aussi quand Naomi, seize ans, baisse ce qu'elle a commencé à dévorer, assise adossée au ring. "Je me suis achetée plein de livres, avec ma maman. J'ai pris un manga. Et deux livres de romans et d'aventure, parce que c'est trop bien. Surtout, il y a Le Détour", ajoute-t-elle en montrant le thriller pour ados de l'Américaine S.A. Bodeen. "J'ai vu ça sur internet et je suis trop contente de l'avoir trouvé ici !"

Bourse aux livres 2024, la bonne pioche de Naomi ©Françoise Tromeur / NC la 1ère

Renouveler l’histoire du soir

Des vagues d'arrivants se succèdent. Acheter des livres en deuxième main, Chloé en fait un principe, qu’elle applique d’habitude en écumant les vide-greniers. “Pour donner une seconde vie aux objets, et parce qu’on est des grands consommateurs de lecture de la petite histoire du soir !” Il faut bien renouveler le stock, pour sa fille de quatre ans et demi. 

J’ai acheté quinze livres, je suis très satisfaite. C’est en bon état, il y a plein de choix et j’ai trouvé beaucoup d’histoires pour enfant qui sortent des habituelles. 

Chloé

Après la fouille des cartons, le passage en "caisse".

Prof en mission

Dorothée et son mari font le plein de mangas pour le fiston, mais pas que. “Je viens pour mes élèves”, explique cette professeure en lycée pro, en tenant une demi-douzaine de manuels, dédiés à l’animation, l’informatique ou l’utilisation des réseaux sociaux.

J’ai trouvé tout ce qu’il nous fallait, c’est parfait !

Dorothée

Bourse aux livres 2024, la trouvaille de Dorothée ©Françoise Tromeur / NC la 1ère

"Pour les petits-enfants"

Patricia travaille dans le collège du quartier. “On a entendu qu’il y avait une bourse aux livres, on est venus pour les petits-enfants. Un livre neuf, c’est cher, quand même. C’est aussi pour les intéresser à la lecture, au lieu d’être accro au numérique. On a même trouvé 'Rénover à moindre coût'. Ça, c'est pour monsieur !”

La liste 

Caroline, Emmanuel, leur fille Constance et leurs treize livres achetés s'apprêtent à quitter les lieux sous la pluie battante. Plutôt ravis. "On a raté, l'année dernière. Ça vaut le coup, 200 F l'unité, et ça permet aux enfants de continuer à remplir leur bibliothèque." Le grand, pris par le sport, a même laissé une liste…

La bourse aux livres vue depuis le ring.

Encombrants CD

Et puis, il y avait les 2 500 CD. Un quart de ce que possédait la médiathèque. "Notre principal objectif cette année, c’est de vendre les CD", glissait Elodie Lalenet à l'ouverture, "parce qu’ils sont de moins en moins empruntés et on a fait une coupe sur le fonds CD.” La médiathèque conserve “les indispensables" mais suivant l’air du temps, elle propose d’autres solutions d’accès à la musique. Comme “l’équivalent de dix heures de Spotify pour les médiathèques”, gratuit pour leurs abonnés.

Associations

À 15h30, le verdict. Fréquentation sur la journée, un peu plus de 600 personnes comptabilisées. Nombre de documents vendus, plus de trois mille. Les livres, CD et DVD restants seront proposées au don, à destination d'associations.

Voyez aussi le reportage d'Angela Palmieri et Cédric Michaut

©nouvellecaledonie