Qu’est-ce que le modèle néo-zélandais “d’entrepreneuriat des tribus” évoqué par Manuel Valls pour la Nouvelle-Calédonie ?

Manuel Valls se livre au "hongi", salut traditionnel maori, en 2016.
Lors de ses annonces économiques, le 24 février, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a évoqué l’économie sociale et solidaire parmi les secteurs à développer en Nouvelle-Calédonie. Et “l’entrepreneuriat des tribus", sur le modèle néo-zélandais, comme source d’inspiration. Mais c’est quoi ? Éléments d’explication.

La Nouvelle-Zélande n’a pas de programme d’entrepreneuriat des tribus à proprement parler, mais depuis plus de trente ans, les gouvernements néo-zélandais et les représentants maoris cherchent ensemble des moyens de concilier l’économie maorie, collective, et l’économie héritée de la colonisation, plus individualiste.  

Résultats : “aujourd’hui, les Maoris représentent 19,6% de la population néo-zélandaise et leur économie est estimée à 68,7 milliards de dollars”, indique le consulat de Nouvelle-Zélande en Nouvelle-Calédonie. Soit environ un tiers du produit intérieur brut du pays. 

Un long travail 

Et si la Nouvelle-Calédonie s’inspirait des dispositifs mis en place chez ses voisins pour renforcer son économie sociale et solidaire ? C’est ce qu’a suggéré Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, lundi 23 février, lors de ses annonces économiques. Car pour lui, une économie sociale et solidaire, “à mi-chemin entre le marché et la coutume”, doit se développer, au même titre que l’agriculture, la pêche, le tourisme ou la transition énergétique, afin de diversifier l’économie calédonienne et de la rendre moins dépendante du nickel. Or, les cultures maorie et kanak partagent des similitudes : l’organisation en tribu, l’existence de terres et de règles coutumières, un mode de vie tourné vers la collectivité plutôt que vers l’individu. 

Les réflexions se poursuivent 

Dans le traité de Waitangi, en 1840, la Couronne britannique reconnaissait aux Maoris la possession de leurs terres, de leurs forêts et de leurs pêcheries aussi longtemps qu’ils le souhaitaient, retrace le consulat de Nouvelle-Zélande. Des violations ayant été commises, des indemnisations ont été versées aux tribus lésées dans les années 1990, ce qui a contribué à booster leur économie. Mais de nombreuses entreprises collectives maories existaient auparavant, de manière officielle. Dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche, de la sylviculture et de l’élevage, entre autres. Secteurs dans lesquels elles ont aujourd’hui une place importante.  

Des obstacles au développement subsistent cependant. Les parcelles exploitées sont souvent petites, mal situées, enclavées, sujettes à l’érosion. Et leurs propriétaires rencontrent parfois des difficultés d’accès à l’information et aux financements. Ceci malgré la mise en place, dès 1993, d’un “tribunal des terres maories”, destiné, entre autres, à aider les Maoris à créer des entreprises collectives ; de services d’accompagnement et de fonds de soutien aux projets économiques, culturels, sociaux et environnementaux.  

Des initiatives collectives en Calédonie aussi 

Le travail se poursuivit donc pour permettre aux Maoris de peser encore davantage dans l’économie du pays. Mais le “modèle de la Nouvelle-Zélande” est-il transposable en Nouvelle-Calédonie ? Les cultures maories et kanak ont-elles assez de points communs ? Des initiatives portées par des collectifs existent déjà en Calédonie, autour de l’artisanat et de l’agriculture par exemple, indique la directrice de l’Adie Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna. Elle évoque du micro-crédit sous forme de prêt de groupe.