Rétro 220 : économie, le grand chamboule-tout

En 2020, l’économie devait profiter de la mise en œuvre d’un grand plan de relance, né d’une large concertation. Mais c’était sans compter sur le Covid-19.

Adopté en novembre 2019, après des dizaines de réunion de concertation organisées dans le cadre du « Grand Débat entreprises », le plan de relance comprenait une trentaine de mesures, qui devaient transformer l’économique calédonienne.


Mais alors que les premiers signes d’une reprise étaient attendus pour la fin du premier trimestre 2020, la Calédonie n’échappe pas au Covid19, au confinement, et à la paralysie quasi-totale. La crise est là. Interrogé à l’époque Olivier Duguy, secrétaire général de la Chambre de métiers et d’artisanat ne cache pas son inquiétude : « Tout le monde craint des faillites en cascade. Certaines entreprises ont de la trésorerie ou vont pouvoir négocier des crédits de trésorerie. D’autres et je pense à celles qui sont les plus petites risquent de se retrouver en difficulté très rapidement », disait-il alors.


Pendant les cinq semaines de confinement, le gouvernement prend des mesures pour sauver ce qui peut l’être. A commencer par le financement du chômage partiel, le report de cotisations et la garantie de prêts.  « L’impact est fort, mais dramatique », indique alors l’Institut d’émission d’Outre-mer. 


Aircalin dans la tourmente

Du côté des compagnies aériennes, très impactées par la quasi-fermeture du ciel aérien, la facture est par contre très salée. » 
Aircalin perd 570 millions de francs par mois, tandis qu’Aircal estime la baisse du chiffre d’affaires annuel à – 1,2 milliards de francs.


Prêt garanti

La facture pour le gouvernement s’envole à mesure que la crise s’installe dans la durée. La solution viendra d’un prêt de 25 milliards de francs, contracté auprès de l’Agence française de développement, et garanti par l’Etat, à un taux de 1,48% et dont le remboursement est différé de deux ans.


Un prêt très critiqué, notamment par les indépendantistes qui raillent alors « l’Etat providence » et dénoncent son coût total, 34 milliards, intérêts compris.


Mais la querelle serait presque accessoire au vu de la situation économique 2020 vue par l’étude CEROM. Celle-ci estime les pertes dans une fourchette comprise entre 52 et 62 milliards de francs, soit 5 à 7 points de PIB.


Le directeur de l’AFD, Philippe Renault le confirme : « Cela peut engendrer des difficultés budgétaires qui vont rendre absolument nécessaire une maîtrise plus forte encore des dépenses de fonctionnement. »

D’autant que la crise structurelle de l’économie calédonienne reste sous-jacente. Le BTP tourne depuis des années au ralenti et les budgets des collectivités publiques sont en récession. Et certains établissements publics sont en grande difficulté : ainsi Nord-Avenir accuse pas moins de 6 milliards de dette.


Un contexte politico-social qui aggrave la situation

Enfin, l’incertitude qui pèse sur l’avenir institutionnel n’encourage pas les investisseurs. La consommation des ménages a beau repartir à la hausse, le monde économique se serrer les coudes, l’embellie espérée n’arrive pas. 

«  Le pays ne pourra fonctionner qu’avec des entreprises qui fonctionnement et une économie qui fonctionnent », lance, fataliste, David Guyenne, président de la CCI-NC.


Une morosité ambiante aggravée la situation politico-sociale tendue autour du dossier du rachat de l’usine du Sud, qui achève de plomber une année 2020 bien noire. 

 
Les précisions de Bernard Lassauce :