Une filière hydrogène à l’étude en Calédonie

Parmi les objectifs de la filière hydrogène, favoriser l'écomobilité.
Quelles sont les opportunités d’une filière hydrogène sur le caillou ? Cette question a fait l’objet d’une séquence d’échanges, mardi, à la station N de Nouméa, entre producteurs et consommateurs d’énergie. Défi commun : produire le moins possible de dioxyde de carbone.

Verdir l’industrie minière et développer la mobilité décarbonée : ce sont deux des ambitions du futur Schéma de transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie.

Autre souhait du gouvernement : sortir des combustibles fossiles importés pour approcher l’autonomie en matière de production d’énergie. Comment ? En se positionnant sur le marché de l’hydrogène. 

Produire des carburants de synthèse 

Le secteur du nickel est le premier concerné. L'industrie métallurgique et minière représente trois quarts des émissions de gaz à effet de serre en Nouvelle-Calédonie.

S’il reste à convaincre KNS, un accord-cadre, signé en mai, prévoit l’utilisation de 70 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique de la métallurgie à l’horizon 2030. Et l’hydrogène permettrait en plus de réduire les émissions, selon Sylvain David, le directeur de la transition chez Prony Resources. "Quand on mêle l’hydrogène avec du CO2 qu’on pourrait récupérer, et qu’on éviterait d’émettre, on peut faire des carburants de synthèse. Le méthanol en est un et il peut remplacer du diesel, du gaz." 

Il est assez facile finalement de transformer des moteurs thermiques qu’on utilise dans nos voitures aujourd’hui pour ajouter un carburant vert. Et petit à petit, on remplace un carburant fossile par un carburant vert.

Sylvain David, directeur de la transition chez Prony ressources

De l'hydrogène pour les porte-conteneurs ? 

Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 70 % d’ici 2035 ? L’objectif du gouvernement semble illusoire. Mais à écouter les spécialistes du secteur privé parler de l’hydrogène, la solution est évidente, vertueuse et même génératrice de nouveaux revenus. "Les quantités qui pourraient être produites en Nouvelle-Calédonie, du fait de l’ensoleillement et de la quantité de CO2 produit par les mines et notamment par Prony, pourraient nous permettre de fabriquer assez de méthanol pour alimenter des porte-conteneurs par exemple, estime Myriam Balme, directrice générale de Gazpac. Ils pourraient venir se ravitailler sur leur chemin en Nouvelle-Calédonie."

Créer des emplois 

Christopher Gygès se rendra en septembre à Paris pour défendre le dossier calédonien de production d’hydrogène. "La Nouvelle-Calédonie est éligible au plan "France hydrogène". Mais pour y postuler, il faut avoir des projets sérieux", rappelle le membre du gouvernement chargé de la transition énergétique. A son retour, des appels à projets seront lancés sur la mobilité et la décarbonation de l’industrie. "On voit qu’il y a beaucoup d’initiatives lancées en Calédonie dans ce secteur. L’hydrogène, ça coûte cher à l’instant T comme le photovoltaïque coûtait cher il y a 10 ans, mais est rentable aujourd’hui. "

Notre objectif, c'est d'avoir ce partenariat public-privé pour créer des emplois, parce que c'est une vraie source de diversification économique, pour améliorer les conditions environnementales et notre souveraineté écologique.

Christopher Gygès, membre du gouvernement chargé de la transition énergétique

Le reportage télé d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel