Washington et Pékin haussent le ton, le nickel est sous pression

Conteneur chinois dans le port de Los Angeles
La hausse du nickel, dont la Nouvelle-Calédonie est le cinquième producteur mondial, a été stoppée vendredi. L’aversion au risque, cette peur des investisseurs, accompagne le retour des tensions entre la Chine et les Etats-Unis. 

 
Le nickel a été freiné dans son essor, même si son cours officiel reste en positif cette semaine. Après avoir gagné plus de 6 % il a reperdu moins de 2 % vendredi au LME de Londres. Mais la remontée est une nouvelle fois compromise, interrompue.
 

Sécurité nationale

Pékin a annoncé envisager une loi sur la sécurité nationale à Hong-Kong. Washington a protesté et menacé de représailles. La guerre froide commerciale reprend. Jeudi soir déjà, sur fond d’inquiétudes et de nouvelles tensions entre les deux premières puissances mondiales "les dernières transactions réalisées à la Bourse des métaux de Shanghai (SHFE) ont enregistré pendant quelques minutes une baisse de 8 % des cours du nickel" a indiqué Alastair Monro, analyste des métaux pour Marex Spectron. Un simple avertissement, pour le moment.
 

Londres suit

Vendredi, les investisseurs londoniens ont suivi la tendance baissière du nickel à Shanghai, mais dans une moindre mesure. La crainte d’un regain de tension entre la Chine et les Etats-Unis pèse. Tout comme le renoncement de Pékin à fixer un objectif de croissance économique annuelle. Une première depuis que le gouvernement chinois a commencé à publier ses prévisions en 1990.
 

Tensions 

La Chine a annoncé jeudi un projet de loi de sécurité nationale relatif à Hong Kong, ce qui pourrait raviver les tensions avec Washington. Ce projet de loi soulève des inquiétudes sur les libertés et le statut de centre financier mondial de la ville semi-autonome. Le plus grand marché mondial des métaux, le London Metal Exchange (LME) a été repris en 2012 par la Bourse de Hong-Kong.

Donald Trump a déclaré que les Etats-Unis réagiraient "avec force" si Pékin allait jusqu'au bout et les sénateurs américains vont présenter un projet de loi imposant des sanctions contre les responsables chinois et toute entité qui entraverait l'autonomie du territoire.
 

Bras de fer 

Les relations entre la Chine et les Etats-Unis se sont tendues ces dernières semaines avec notamment les critiques du président américain sur la gestion de la pandémie de coronavirus par Pékin et les menaces d'une rupture de l'accord commercial de "Phase 1". Les Etats-Unis ont par ailleurs décidé de vendre de nouvelles armes défensives à Taïwan afin de renforcer ses capacités militaires. La Chine a indiqué qu’elle « ne tolèrera jamais » une sécession de l’île qui relève, selon Pékin, de sa souveraineté.
 

Quand c'est flou, il y a un loup ?

Le nickel et les métaux industriels sont aussi affectés par la décision inédite de Pékin de ne pas fixer d'objectif de croissance annuelle (PIB) en raison des incertitudes liées à la pandémie de coronavirus. "L'absence d'objectif confirme que les décideurs politiques chinois acceptent qu'après le plongeon de l'économie au premier trimestre, la croissance économique sera faible sur l'ensemble de l'année, même avec une reprise séquentielle importante d’ici la fin 2020", écrivent dans une note les économistes d'Oxford Economics.

La Bourse des métaux de Londres a fini en baisse vendredi. L'aversion pour le risque favorise les actifs refuges comme le dollar, la monnaie des transactions au LME, mais cela augmente le coût des achats de nickel ou de cuivre par la Chine.

Cours du nickel à trois mois le 22/05/2020 après clôture de la séance à Londres (LME) :
12.265 $/t -1,31 % [semaine +3,72 %]