Attaque terroriste dans l'Aude : trois morts et 16 blessés

Le département de l'Aude a été la cible d'une attaque terroriste, ce vendredi 23 mars. Un homme de 26 ans a fait au moins trois morts et seize blessés. Il s'en est pris à des automobilistes et à des CRS à Carcassonne avant de se lancer dans une prise d'otages dans un supermarché. 
Trois personnes ont été tuées et seize autres blessées, dont deux grièvement, dans des attaques perpétrées dans l'Aude, vendredi 23 mars. Le suspect, abattu par les gendarmes, est un Franco-Marocain de 25 ans, Redouane Lakdim, connu des services de renseignement. La section antiterroriste du parquet de Paris est saisie de la fusillade et de la prise d'otages dans l'Aude. Le groupe Etat islamique a revendiqué les attaques.

L'auteur des attaques a d'abord braqué un automobiliste vendredi matin à Carcassonne, pour lui voler sa voiture. Il a ouvert le feu, et le passager est mort. Le conducteur a été blessé. L'assaillant a ensuite tiré sur des CRS qui faisaient leur footing près de leur caserne, vendredi vers 10h40, blessant l'un d'entre eux. Le policier a eu deux côtes cassées et un poumon perforé. Ce sont des hommes originaires de la CRS 53 de Marseille.

Vers 11h, le suspect s'est rendu à Trèbes, à 8 km de Carcassonne, et a fait irruption dans le supermarché Super U. Il a alors retenu plusieurs clients en otages. Certains ont réussi à fuir. Au cours de cette prise d'otages, un lieutenant-colonel de gendarmerie est entré dans le magasin, en échange de la libération d'un otage. Vers 14h45, les gendarmes du GIGN ont donné l'assaut. Le preneur d'otages a été abattu. Deux hommes du GIGN ont été blessés, ainsi que le gendarme qui était retenu en otage. 

Chevalier de la médaille de l'ordre du mérite


Le ministre Gérard Collomb a salué "l'acte d'héroïsme" d'un lieutenant-colonel de gendarmerie qui a été grièvement blessé. "Il a sauvé des vies et fait honneur à son âme et notre pays. Il lutte actuellement contre la mort", a déclaré de son côté le président de la République, Emmanuel Macron. Comme le raconte La Dépêche du Midi, cet officier avait organisé en décembre 2017 un exercice attentat dans la cité audoise. Le scénario était "une tuerie de masse dans un supermarché".

"On veut être au plus proche des conditions réelles", expliquait-il au quotidien local. Avant d'être affecté à Carcassonne (Aude), Arnaud Beltrame est passé par Avranches (Manche) et le ministère de l'Ecologie, rapporte La Manche Libre. Ce Breton a été fait chevalier de l'ordre national du Mérite en mai 2012.


Fiché FSPRT


Le preneur d'otages, Redouane Lakdim, a agi "seul", a précisé le ministre de l'Intérieur. "C'était quelqu'un de solitaire, qui est passé à l'acte", a-t-il déclaré, le présentant comme un "petit dealer". Il s'agit d'un homme de 26 ans qui vivait à Carcassonne et qui était suivi par les services de renseignement depuis 2013. Il a fait un bref séjour en prison en 2016 pour des faits de droit commun. Le ministre de l'Intérieur a évoqué "un deal de stupéfiants". L'homme était fiché au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste).

Le preneur d'otages s'est revendiqué du groupe Etat islamique (EI), a indiqué le parquet de Carcassonne. Un témoin a déclaré qu'il avait crié "Allah Akbar" en rentrant dans le supermarché. Selon les informations de France 2, il a réclamé la libération de Salah Abdeslam, le dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.


FSPRT : un fichier dédié à la radicalisation religieuse
Il diffère de la fiche S. Il a été créé en mars 2015 pour recenser les individus exclusivement identifiés comme des radicaux religieux, signalés par les services de renseignement, les préfectures et des particuliers. Géré par l'Uclat (l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste), il recensait 12 000 personnes fin 2017, selon un bilan du ministère de l'Intérieur. La majorité d'entre elles sont surveillées par le Service central du renseignement territorial (SCRT), les anciens RG. Le FSPRT recensait par exemple Adam Djaziri avant sa tentative d’attentat manquée sur les Champs-Elysées en juin 2017.

La fiche S (pour "sûreté de l'Etat"), elle, est une des branches du Fichier des personnes recherchées, le FPR. Ceux qui figurent dans le fichier S représentent une menace potentielle pour la sécurité nationale. Cela peut concerner des profils très différents. Des personnes qui veulent commettre un attentat, mais aussi des militants politiques, qui peuvent mener des actions spectaculaires, comme des militants anti-nucléaires, anti-OGM, ou encore des hooligans.

25 000 personnes fichées S

Toujours selon le ministère de l'Intérieur, 25 000 personnes étaient fichées S fin 2017, dont 9 700 pour radicalisation, essentiellement liées à la mouvance terroriste islamiste. La fiche S comporte 16 niveaux, en fonction du danger que représente l’individu. Le niveau 16 est le moins dangereux, le  niveau 1, le plus dangereux. Le suspect du Thalys était au niveau S3, ce qui est donc très sérieux. Mohamed Merah, le tueur de Toulouse en 2012, était lui au niveau S5.