Super Tuesday : premières victoires pour Trump et Clinton

Les Américains se sont rendus aux urnes aujourd’hui dans une douzaine d'Etats pour une journée cruciale des primaires qui pourrait donner à Donald Trump et Hillary Clinton une impulsion décisive en vue de la présidentielle de novembre
Dès la fermeture des premiers bureaux de vote, les deux favoris dans la course à la succession de Barack Obama à la Maison Blanche ont engrangé leur première victoire dans le grand Etat de Géorgie (sud).
             
"Merci Géorgie !", a immédiatement tweeté le magnat de l'immobilier de 69 ans qui caracole en tête dans le camp républicain, profondément divisé sur cette candidature iconoclaste.
             
L'ancienne Première dame a par ailleurs été donnée gagnante en Virginie, selon les projections des télévisions américaines. Seul rival de l'ex-secrétaire d'Etat dans le camp démocrate, le sénateur Bernie Sanders l'a emporté sans surprise dans son fief du Vermont, frontalier du Québec.
             
Durant ce seul "Super mardi", un cinquième des délégués républicains et un quart des délégués démocrates seront attribués.
             
Chez les républicains, les piques et insultes ont continué à fuser toute la journée. Donald Trump, désormais grand favori, est la cible d'attaques tous azimuts auxquelles il répond, pour le plus grand plaisir des larges foules qui viennent l'applaudir, du tac au tac.
             
En trois jours, il s'est vu reprocher d'avoir refusé de condamner le Ku Klux Klan, d'avoir retweeté une citation de Benito Mussolini, de forcer sur le faux bronzage ou encore d'être lié à la mafia du bâtiment.
             
"Donald Trump représente une grave menace pour l'avenir de notre parti et de notre pays", a lancé son principal rival, le jeune sénateur de Floride Marco Rubio dans une lettre ouverte aux électeurs républicains.
             
"Ce n'est pas évident d'être passionné pour quelqu'un qui est dans la sphère publique depuis si longtemps, mais je pense qu'Hillary Clinton fera un excellent leader pour notre pays", commentait Rusty, venu voter à Alexandria, en Virginie.
             

"Taille des oreilles"

             
Selon un sondage CNN publié aujourd’hui, les démocrates l'emporteraient dans tous les cas dans un duel face au milliardaire, avec une marge légèrement plus confortable pour M. Sanders (55% contre 43%) que pour Mme Clinton (52% contre 44%).
             
Certains conservateurs affirment publiquement qu'ils ne voteront pas Donald Trump à la présidentielle s'il portait les couleurs de leur parti.
             
Le rival républicain malheureux de Barack Obama à la présidentielle de 2008, John McCain, et figure du parti républicain, a jugé "inquiétant" le niveau du débat dans son camp, appelant de ses voeux une campagne présidentielle "qui ne se concentre pas sur la taille des oreilles des gens" ou "leurs problèmes de sudation".
             
Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, a lancé une vive mise en garde à l'homme d'affaires: "Celui qui veut être le candidat du parti républicain (...) doit rejeter tout groupe ou idéologie fondé sur l'intolérance".
             
Comme il le fait régulièrement depuis l'été, Donald Trump, qui dit avoir dépensé personnellement 25 millions de dollars à ce jour, a lui une nouvelle fois laissé flotter la menace d'une candidature indépendante en novembre.
             
"Notre pays est trop divisé. Je peux rassembler les gens", a-t-il assuré lors d'un meeting à Columbus, dans l'Ohio. "Rubio, je l'appelle petit Marco", a-t-il poursuivi, avant de se lancer dans une longue tirade moqueuse sur ses adversaires.
             
Les sénateurs Rubio (Floride) et Cruz (Texas), ses deux plus proches rivaux, ont des positionnements politiques profondément différents mais partagent un objectif: consolider l'opposition à Donald Trump tant qu'il est encore temps.
             
Seul Ted Cruz a battu Donald Trump, une fois, dans l'Iowa. Cet ultra-conservateur mise désormais sa survie sur une victoire dans son propre Etat du Texas, le gros lot du "super mardi" pour son nombre de délégués.
             

"Politiques de la peur"

             
Les dénonciations du magnat de l'immobilier et de ses prises de position provocatrices - sur l'immigration en particulier - dépassent désormais les seules frontières américaines.
             
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, en visite à Washington, lui a décoché sans le nommer une pique aiguisée mardi, en ironisant sur son obsession d'un mur entre Etats-Unis et Mexique. "Construire des murs est une très mauvaise idée, peu importe qui les finance", a-t-il lancé devant des étudiants.
             
"Gardons-nous de ces politiques de la peur, elles sont dangereuses pour l'Europe et pour les Etats-Unis, elles sont mauvaises pour le monde", a-t-il insisté.
             
Pour Hillary Clinton, l'enjeu est de regagner le statut de candidate démocrate inévitable dont elle bénéficiait avant l'ascension de Bernie Sanders.
             
Les démocrates noirs ont voté Hillary Clinton à 86% en Caroline du Sud lors de la primaire samedi dernier. Si ceux de Géorgie et d'Alabama votent pour elle dans les mêmes proportions, elle devrait l'emporter facilement.
             
Source : AFP