"Ceux qui disent que Tatutu, c’est du luxe, qu’ils viennent ici et ils verront ce que c’est !"

Les conditions de détention à Nu’utania étaient déplorables, la construction de Tatutu à Papeari a permis de changer la donne pour les détenus condamnés à de longues peines. C'est le sujet du documentaire de Jacques Navarro, "Opanipani, prisonnier à Tahiti", diffusé ce soir à 19h25. 
Le centre pénitentiaire de Tatutu n’est pas seulement un bâtiment neuf et propre, où les détenus sont enfin accueillis dans des conditions dignes. C’est aussi le lieu d’une expérimentation avec la mise en place du « module respect », un mode de détention assoupli qui favorise la réinsertion. Ce dispositif est au centre du documentaire de Jacques Navarro, "Opanipani, prisonnier à Tahiti", diffusé sur Polynésie la 1ère lundi 11 février à 19h25.
 


« Ceux qui disent que Tatutu, c’est du luxe, qu’ils viennent ici pendant plusieurs jours et ils verront ce que c’est ! La prison, c’est une privation de liberté et c’est dur » affirme un détenu dans le film Opanipani, qui était présenté hors compétition au FIFO 2019. À travers les témoignages de plusieurs prisonniers et surveillants pénitentiaires, Jacques Navarro s’intéresse à la notion d’enfermement, avec une question centrale : est-ce que l’on fait en sorte d’éviter les récidives ? « Un détenu enfermé dans une cage pendant 20 ans, quand il ressort, c’est un animal », explique un surveillant. Les conditions de détention à Nu’utania étaient déplorables, la construction du centre pénitentiaire de Tatutu à Papeari a permis de changer la donne pour les détenus condamnés à de longues peines. 
La prison est flambant neuve et surtout, elle donne la possibilité aux détenus de bénéficier de plus de libertés au sein du « module respect ».
 

Dans cette conception moderne de la détention, le prisonnier est libre de ses mouvements et possède la clé de sa cellule, mais il a aussi davantage de contraintes, avec l’obligation, notamment, de se lever à heure précise, de faire son lit et de participer à des activités, comme le fa’a’apu ou des cours d’anglais. Il accumule des points et le risque, s'il les perd, de retourner en détention ordinaire. « Avec ce film, je voulais qu’on comprenne qu’un détenu, quoiqu’il ait fait, reste un être humain et qu’il faut le traiter comme tel et préparer son retour dans la société », explique Jacques Navarro. Le réalisateur précise que ce « module respect » est une notion qui est apparue en Espagne au début des années 2000. L’expérience est un succès, le taux de récidive a chuté au fil des ans, au point que certaines prisons ont été fermées.

« Pénitence hier, réinsertion aujourd’hui »

Jacques Navarro insiste, par ailleurs, sur la dimension culturelle, la notion d'enfermement dans la société polynésienne. Il raconte qu’il n’y avait pas d’emprisonnement chez les Polynésiens avant le contact. « Garder le lien social est essentiel. Ce nouveau type de détention est bien adapté à la culture et à la mentalité polynésiennes », estime le réalisateur. Dans quelques années, on pourra juger de la réussite du « module respect » en Polynésie française. L’essentiel, comme le formule astucieusement un surveillant, c’est de garder en tête que « dans pénitentiaire, il faut penser pénitence hier, réinsertion aujourd’hui ».