Droits des femmes, où en est-on au fenua ?

Journée internationale des droits de la femme : faisons le point sur la situation en Polynésie. Si, enfants, les filles ont accès aux mêmes droits que les garçons, cela se complique à l’âge adulte où elles sont majoritairement victimes de violences et à l’écart du monde du travail.

Les violences toujours élevées

Les femmes, en Polynésie, restent les principales victimes de violences. En 2020 il y a eu 4 victimes de féminicide. Ce qui, rapporté au nombre d’habitants, place la Polynésie dans la moyenne nationale haute, juste derrière la Guyane et la région Île-de-France. Elles sont aussi les principales victimes de violences sexuelles et physiques. 80% des violences intra-familiales concernent les femmes.

Les filles font plus d’études, les femmes moins employées

Les filles font davantage d’études que les garçons. Elles sont 55% à avoir décroché leur bac en 2020, toutes filières confondues. L’université de Polynésie compte 65% d’étudiantes, contre seulement 35% d’étudiants.

Pourtant, sur le marché du travail, la tendance s’inverse. Selon les derniers chiffres publiés par l’ISPF, le taux d’emploi des femmes est de 43,9%, contre 59,4% pour les hommes. Et la différence atteint même 20 points d’écart chez les 25-49 ans.

En 2018, un chef d’entreprise sur 3 est une femme

Les femmes sont peu représentées aux postes clés et parfois absentes de certains secteurs, en raison de l’orientation scolaire et des schémas mentaux inculqués dès le plus jeune âge. Par exemple, la compagnie au tiare compte toujours une seule femme commandante de bord et 4 co-pilotes femmes, pour 71 hommes. Des chiffres stables.

Côté rémunération, les femmes gagnent en moyenne 3,6% de moins que leurs homologues masculins, selon le rapport de l’IEOM de 2016. Ce qui est un écart bien moins grand qu’en métropole où les femmes sont payées presque 25% de moins que leurs collègues masculins. Le code du travail impose qu’à « travail égal, salaire égal ».

Selon l’Organisation Internationale du Travail, le facteur freinant le plus l’égalité à l’emploi est la garde d’enfants. Le temps consacré par les femmes aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants n’a pas diminué depuis 20 ans, lorsque celui consacré par les hommes n’a augmenté que de 8 minutes par jour.

Politique : la parité obligatoire ou presque

A l’Assemblée de Polynésie, 30 femmes sur 57 occupent un fauteuil dans l’hémicycle depuis les Territoriales de 2018. C’était 5 sur 41 avant la parité obligatoire. Lucette Taero reste à ce jour la première et la seule femme à avoir présidé l’Assemblée. C’était en 2001.

Le gouvernement actuel compte 3 femmes sur 10 membres (Nicole Bouteau au tourisme et au travail, Christelle Lehartel à l’éducation et Isabelle Sachet à la famille et aux affaires sociales).

En revanche, du côté des maires, seules 7 maires sont des femmes, sur 48 communes.La Polynésie n’a jamais eu de présidente et la dernière femme Haut-Commissaire était Anne Bocquet, en 2008.