Expédition : Tara au cœur des atolls de la Polynésie

Partie le 28 mai dernier de Lorient, en France, la goélette scientifique Tara entrera dans les eaux polynésiennes fin septembre pour une durée d'un mois et demi. Son objectif : explorer la biodiversité des récifs coralliens notamment aux Tuamotu et aux îles Gambier.
Après le canal de Panama, la Colombie et l’île de Pâques, la goélette Tara atteindra les premières îles de Polynésie française à Mangareva. Le navire scientifique a déjà parcouru plus de 22 000 km sur les 100 000 km prévus dans le cadre de l’expédition Tara Pacific.


A son bord, les équipes internationales de biologistes coralliens, océanographes et spécialistes du plancton, qui récoltent de nombreux échantillons de coraux, de poissons de récifs, d’eau et d’algues. L’un des principaux objectifs de cette expédition scientifique : tenter d’établir le premier état des lieux global des récifs de corail et en dévoiler la biodiversité encore méconnue.

La biodiversité des récifs coralliens face aux perturbations climatiques


La Polynésie française comprend à elle seule 118 îles sur près de 5,5 millions de km2. Mais c’est bien la biodiversité corallienne exceptionnelle de cette région du Pacifique qui a déterminé la route de la goélette. L’attention des équipes scientifiques du CNRS - en particulier celles travaillant au Criobe -, du Génoscope, du Centre scientifique de Monaco et d’autres laboratoires se concentrera essentiellement sur les atolls des Tuamotu et des îles Gambier. Leur objectif : comparer la biodiversité des récifs des atolls, selon qu’ils sont ouverts ou fermés et mieux comprendre la biologie du corail.

Cette étape majeure dans l’étude du corail permettra d’ausculter la santé des récifs et de comparer leur biodiversité selon leur exposition - ou non - aux activités humaines locales. Si certaines de ces îles sont soumises à des perturbations directes, la majorité est éloignée de toute source de pollution anthropique (pollutions, urbanisation, sédimentation due à l’érosion). Les chercheurs espèrent donc recueillir les données nécessaires pour comparer les effets des perturbations locales (pollution, sédimentation…), à ceux liés aux changements globaux (réchauffement climatique, acidification de l’océan).


El Niño 2015, un impact marginal en Polynésie


Dans le contexte du changement climatique et du réchauffement de l’océan, les oscillations de températures liées à El Niño sont d’autant plus traumatiques pour les récifs coralliens qu’elles peuvent entrainer une forte mortalité des coraux (blanchissement).

"En Polynésie, l’épisode de blanchissement a bien eu lieu cette année, mais les récifs n’ont pas été soumis trop longtemps à la hausse de température, contrairement à la Barrière de corail australienne. Globalement le phénomène El Niño 2015 a été relativement marginal en Polynésie, les impacts sont surtout centrés sur les latitudes nord de la Polynésie, aux Marquises", explique Serge Planes, directeur de recherche CNRS au CRIOBE et directeur scientifique de l’expédition.


Sensibiliser les populations


A terme, les recherches devraient permettre de renforcer les modèles d’évolution de ces écosystèmes essentiels à la vie des populations côtières. Un aspect humain important, car au fil de l’expédition Tara Pacific, marins et scientifiques profitent des escales pour sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux écologiques mais aussi recueillir les expériences locales et donner de la voix aux populations qui peuplent les petites îles du Pacifique.


Visites gratuites du bateau, animations, exposition à Papeete


Lors de sa première escale à Papeete, le public et les écoles pourront visiter Tara entre 4 et le 6 octobre (Place Vaiete). L’équipage donne rendez-vous au Pavillon Tara, où se tiendra l’exposition "Tara Pacific, la biodiversité des récifs coralliens face au changement climatique", du 2 au 9 octobre. L'entrée est libre.

Une conférence  intitulée "L’expédition Tara Pacific" aura lieu le 5 octobre de 17h30 à 18h30 à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Papeete. Avec la participation de Serge Planes (CNRS - CRIOBE) et Denis Allemand (Centre Scientifique de Monaco).