Le couple voulait un bébé fa'amu, la justice s'en est mêlée

Aujourd'hui, le berceau est toujours vide.

Le mois dernier, une affaire d'adoption avait fini au tribunal. 2 couples soupconnés d'avoir falsifié des documents d'adoption avaient été relaxés. Mais le procureur a fait appel. Jade, le bébé âgé de 6 mois, se retrouve aujourd'hui confiée aux services sociaux.  

 

Cette adoption avait fait grand bruit il y a peu. Elle avait été qualifiée de « frauduleuse » par la justice. Sauf que pour les parents adoptifs, relaxés depuis, l’adoption de cette petite fille s’était faite en toute bonne foi dans le cadre du fa’a’mu.

Ils étaient inscrits sur une liste de parents volontaires au service des Affaires sociales. Ils avaient ainsi rencontré un couple, à la recherche d’une famille stable et établie pour leur petite fille qui devait naître. Tous les quatre, parents biologiques et adoptifs, s’étaient alors engagés dans une procédure typiquement locale, le fa’amu ou don d’enfant.

"Garantir un meilleur avenir"

 

Dominique, le père biologique, dit qu’il avait « senti que ces personnes-là étaient transparentes, vraies, authentiques. Parce que si je l’ai confiée, c’est justement pour lui garantir un meilleur avenir ».

Mais le service des Affaires sociales n’a pas apprécié et tous les quatre se sont retrouvés en garde à vue. Le jugement les a relaxés, mais cette relaxe n’a pas validé la procédure d’adoption.

Pour maître Smain Bennouar, avocat des parents adoptifs, « le procureur a fait un appel principal et donc les parties civiles, les Affaires sociales, ont fait un appel incident...ils contestent tous cette décision de relaxe, pour la simple et bonne raison qu’ils estiment que cette décision ne correspond pas à la politique nouvelle du Parquet concernant le process du fa’amu local »

Maître Bennouar et l'un des pères adoptifs.

Le couple adoptant, deux hommes, a pu s’occuper de la petite fille durant 5 semaines et ne l’a plus revue. Ils espèrent aujourd’hui que leur bonne foi prévaudra sur la forme de cette adoption qu'ils ont réalisée dans le cadre du fa’amu, cette coutume que la justice souhaite réformer en profondeur.

A présent, la petite fille est dans une pouponnière tandis que ses parents n’ont rien touché à sa chambre. Ils l’attendent car il y a des souvenirs qui ne s’effacent jamais.

"Légitime dans mon rôle de père"

 

Mehdi, l’un des parents adoptifs, déclare qu’il a « assisté à l’accouchement, j’étais à tous les moments importants de la vie de Jade, dès qu’elle est arrivée dans ce monde, j’ai coupé le cordon ombilical…j’étais là toutes les nuits quand elle était angoissée et avait besoin d’être rassurée, j’étais là à la réconforter, donc je me sentais légitime dans mon rôle de père »

Il faudra encore du temps pour que la justice se prononce sur la légitimité de cette adoption. Et pendant ce temps-là, une petite fille grandit dans une crèche.

Dominique, le père biologique