La mamie dealait du paka

Photo d'illustration
Ce mardi 21 janvier 2020, le tribunal correctionnel a condamné une sexagénaire à 6 mois de prison ferme. Son délit ? Détention, offre et vente de cannabis.
 
Arrivée libre à son procès, c’est avec des menottes aux poignets et entourée de gendarmes que cette ancienne restauratrice a quitté le palais de justice de Papeete. Tout a commencé le 15 octobre 2019, quand elle est arrêtée lors d’un simple contrôle routier. Au volant de sa voiture, elle ne portait pas de ceinture de sécurité.

Dans le véhicule, les militaires trouveront un sachet de cannabis qu’elle a rapidement jeté quand elle a aperçu les gendarmes. Si le test salivaire pour détecter les stupéfiants s’est révélé négatif, à son domicile les enquêteurs trouveront notamment près de 150 pieds de paka dans un abri de jardin, des feuilles séchées conditionnées pour être vendues et du matériel pour faire pousser les plants.

Elle payait ses ouvriers avec du paka


Devant l’évidence, la sexagénaire ne peut plus nier et reconnaît se livrer à la production de paka depuis quelques mois. Elle n’est pas une grande consommatrice, elle s’en sert surtout pour payer les ouvriers qui font des travaux chez elle. Faire pousser du paka c’est comme faire pousser des tomates considère l’ancienne restauratrice.

Depuis que son restaurant a fait faillite, elle ne s’en sort pas financièrement et occupe des petits boulots. Ce sont ses petits-enfants qui la retiennent en Polynésie française, « je ne peux me passer d’eux » reconnaît-elle. La culture du paka avait pour but de subvenir à ses besoins.
 

« Nous connaissions le bitcoin, vous avez, Madame, inventé le pakacoin »


Pour le ministère public, il ne faut pas se fier à « ses allures de grand-mère, bien sous tous rapports, c’est une grand-mère dealeuse ». « Nous connaissions le bitcoin, vous avez, Madame, inventé le pakacoin » lui a également reproché le parquet qui a rappelé que la vente de paka servait aussi à financer le trafic de méthamphétamine. En conséquence, il a requis 3 ans de prison dont 18 mois avec sursis mise à l’épreuve de 2 ans, 600 000 francs d’amende.

Des « réquisitions démesurées » selon l’avocat de la sexagénaire, « dignes d’affaires d’ice ». Le conseil a souligné que de nombreux pays avaient légalisé la vente du cannabis récréatif et que la France y viendrait probablement un jour. Un discours que n’a pas entendu le tribunal correctionnel qui a condamné la sexagénaire à 24 mois de prison dont 18 avec sursis, et a décerné un mandat de dépôt.