Le festival international du film océanien présente dans sa sélection officielle Pouvana’a, ni haine ni rancune. Ce documentaire réalisé par Jacques Navarro-Rovira permet de comprendre à quel point le pouvoir gaullien a tout fait pour "éliminer" cet homme politique polynésien jugé dangereux.
Le documentaire de Jacques Navarro-Rovira ressemble à une véritable enquête policière. On suit pas à pas les avancées de l’historien Jean-Marc Regnault. “Au fur et à mesure du film, les obstacles se levaient raconte le réalisateur et l’historien découvrait de nouveaux documents jusqu’alors classés secrets”.
Pouvana’a subit une attaque début 1968 qui le laisse hémiplégique. Le 9 novembre, la remise gracieuse de sa peine est annoncée. Il rentre enfin à Tahiti le 30 novembre 1968 après de longues années six d’exil. Pendant ce temps, un aéroport a été construit à Fa’a et les essais nucléaires ont commencé à Mururoa.
Le jour-même de son retour, Pouvana’a Oopa demande la révision du jugement de 1959. Cette réhabilitation, il ne l’a pas obtenu de son vivant.
Le 19 décembre 2017, la Cour de cassation décide de saisir la cour de révision. La condamnation de Pouvanaa pourrait donc prochainement être annulée. Aucune date d’audience n’a encore été fixée. Mais d’ici à un an, une décision devrait être prise. Le petit fils de Pouvana’a, Sandro Stephenson espère enfin voir son grand-père réhabilité aux yeux de tous.
Jacques Navarro-Rovira se montre optimiste quant à l’issue de ce dernier recours. “Ca ne coûte rien, la famille attend cela depuis longtemps. Il serait vraiment étonnant que Pouvana’a ne soit pas innocenté. L’Etat français a tout à gagner dans cette affaire”, ajoute-t-il.
Bataillon du Pacifique
En janvier 2018, Pouvanaa a Oopa Tetuaapua s’engage dans le bataillon du Pacifique et participe à la Première Guerre mondiale. A son retour de la guerre, il quitte Huahine pour Tahiti où il exerce le métier de charpentier. Pendant la Seconde guerre mondiale, il joue un rôle important dans le ralliement des Etablissements français de l’Océanie à la France libre.
Débuts en politique
Après la Seconde Guerre mondiale, il s’engage en politique. Pouvana’a organise une manifestation contre la venue de fonctionnaires métropolitains sur le port de Papeete. A l’époque on a appelé cet événement, l’affaire de la Ville d’Amiens (du nom du bateau qui transportait les fonctionnaires). Pouvanaa a été arrêté, accusé de complot, puis acquitté.
En août 1949, il est élu député et fonde le RDPT (Rassemblement démocratique des populations tahitiennes). Son objectif : obtenir l’autonomie, voire l’indépendance et lutter contre le capitalisme. Pouvana’a est réélu en 1951 avec 72% des voix et en 1956 avec 58%. En 1957, il est élu vice-président du Conseil de gouvernement.
Pourquoi Pouvana’a dérange le pouvoir français ?
A partir de 1958, Pouvana’a entre réellement en opposition avec l’Etat français. Le député de la Polynésie fait campagne pour le non au Référendum constitutionnel du 28 septembre 1858. Le oui l’emporte largement avec 64% des voix en Polynésie.
Politique nucléaire
Par ailleurs avec les événements en Algérie, le pouvoir français se demande où poursuivre les essais nucléaires qui avaient lieu jusqu’alors dans le Sahara. Selon Jean-Marc Regnault, dès 1957, la France avait envisagé de transférer les essais en Polynésie.
Pouvana’a, empêcheur de tourner en rond, présentait une menace pour les projets de l’Etat gaullien. Et c’est donc une véritable machination qui a été mis en place pour éliminer le trop encombrant opposant tahitien.
Incendies à Papeete
Pour bien comprendre l’histoire, il faut faire un saut dans le passé. Dans la nuit du 10 au 11 octobre 1958, deux incendies criminels ont lieu à Papeete. Le domicile de Pouvana’a est perquisitionné. Le député de la Polynésie et vice-président du conseil du gouvernement local est accusé d’avoir voulu incendier la capitale tahitienne.Le procès de Pouvana'a
Un procès a lieu en octobre 1959. Pouvana’a est condamné à 8 ans de réclusion criminelle et 15 ans d’exil. Il est déchu de son mandat de député en 1960. Dans son documentaire, Jacques Navarro-Rovira montre le travail de fourmi effectué par Jean-Marc Regnault. L’historien a eu accès aux archives de Jacques Foccart, le bras doit du général de Gaulle sur les affaires africaines et coloniales.Obstacle aux essais
Il ne fait pas de doute que Pouvana’a représentait un obstacle à la politique nucléaire de la France. Le pouvoir souhaitait le "rayer du décor". Jacques Soustelle, ministre de l’Outre-mer, du Sahara et de la politique nucléaire aurait également participé à la mise hors d’état de nuire de Pouvana’a.Machination
Grâce aux archives, l’historien Jean-Marc Regnault a mis en évidence la présence d’espions auprès de Pouvana’a. Les deux incendies de Papeete semblent bien avoir été provoqués dans le but de nuire et d’accuser Pouvana’a. Par ailleurs, le procès ne s’est pas tenu dans des conditions normales.Exil forcé
L’homme politique déchu va donc passer de longues années en métropole. A Marseille, puis Fresnes de 1963 à 1966. Cette année-là, il est gracié de la peine de prison et poursuit son exil à Pierrefonds, puis direction le département du Gard.
Où en est la révision du procès de Pouvana’a ?
Pouvana’a subit une attaque début 1968 qui le laisse hémiplégique. Le 9 novembre, la remise gracieuse de sa peine est annoncée. Il rentre enfin à Tahiti le 30 novembre 1968 après de longues années six d’exil. Pendant ce temps, un aéroport a été construit à Fa’a et les essais nucléaires ont commencé à Mururoa.Le jour-même de son retour, Pouvana’a Oopa demande la révision du jugement de 1959. Cette réhabilitation, il ne l’a pas obtenu de son vivant.
Funérailles à Papeete
Malgré tout l’homme qui a toujours clamé son innocence continue sa carrière politique. Amnistié en 1971, il est élu sénateur la même année. Il meurt le 10 janvier 1977. Une foule nombreuse viendra assister à funérailles.Le combat continue
En 1988, les descendants de Pouvana’a forment une demande en révision de ce fameux procès de 1959. Leur requête se termine par un rejet de la Cour de cassation en 1995. En 2014, sous la présidence de François Hollande, Christiane Taubira saisit le 18 juin 2014 la commission d’instruction comme le lui demandait l’Assemblée territoriale de Polynésie.“Pour une fois, l’Assemblée territoriale était unanime !”, souligne le réalisateur Jacques Navarro-Rovira.
D'ici la fin de l'année
Le 19 décembre 2017, la Cour de cassation décide de saisir la cour de révision. La condamnation de Pouvanaa pourrait donc prochainement être annulée. Aucune date d’audience n’a encore été fixée. Mais d’ici à un an, une décision devrait être prise. Le petit fils de Pouvana’a, Sandro Stephenson espère enfin voir son grand-père réhabilité aux yeux de tous.
Tout à gagner
Jacques Navarro-Rovira se montre optimiste quant à l’issue de ce dernier recours. “Ca ne coûte rien, la famille attend cela depuis longtemps. Il serait vraiment étonnant que Pouvana’a ne soit pas innocenté. L’Etat français a tout à gagner dans cette affaire”, ajoute-t-il.Biographie express de Pouvana’a a Opoa
Pouvana’a a Oopa est né à Huahine le 10 mai 1895, l’année d’annexion de l’île par la France. Il quitte l’école à 10 ans. Son père le forme au métier de charpentier. Le jeune garçon est par ailleurs élevé dans la religion protestante avec une certaine ferveur. L’étude de la bible fait partie de son programme quotidien.Bataillon du Pacifique
En janvier 2018, Pouvanaa a Oopa Tetuaapua s’engage dans le bataillon du Pacifique et participe à la Première Guerre mondiale. A son retour de la guerre, il quitte Huahine pour Tahiti où il exerce le métier de charpentier. Pendant la Seconde guerre mondiale, il joue un rôle important dans le ralliement des Etablissements français de l’Océanie à la France libre.
Débuts en politique
Après la Seconde Guerre mondiale, il s’engage en politique. Pouvana’a organise une manifestation contre la venue de fonctionnaires métropolitains sur le port de Papeete. A l’époque on a appelé cet événement, l’affaire de la Ville d’Amiens (du nom du bateau qui transportait les fonctionnaires). Pouvanaa a été arrêté, accusé de complot, puis acquitté.
En août 1949, il est élu député et fonde le RDPT (Rassemblement démocratique des populations tahitiennes). Son objectif : obtenir l’autonomie, voire l’indépendance et lutter contre le capitalisme. Pouvana’a est réélu en 1951 avec 72% des voix et en 1956 avec 58%. En 1957, il est élu vice-président du Conseil de gouvernement.
Pourquoi Pouvana’a dérange le pouvoir français ?
A partir de 1958, Pouvana’a entre réellement en opposition avec l’Etat français. Le député de la Polynésie fait campagne pour le non au Référendum constitutionnel du 28 septembre 1858. Le oui l’emporte largement avec 64% des voix en Polynésie.
Politique nucléaire
Par ailleurs avec les événements en Algérie, le pouvoir français se demande où poursuivre les essais nucléaires qui avaient lieu jusqu’alors dans le Sahara. Selon Jean-Marc Regnault, dès 1957, la France avait envisagé de transférer les essais en Polynésie.
Pouvana’a, empêcheur de tourner en rond, présentait une menace pour les projets de l’Etat gaullien. Et c’est donc une véritable machination qui a été mis en place pour éliminer le trop encombrant opposant tahitien.