29 juin : fête de l'autonomie ou jour de deuil

Les drapeaux hissés stèle de l'Autonomie, à Papeete.
Ce 29 juin, quelques maires autonomistes avaient organisé une petite célébration de l'autonomie en matinée, dans les jardins de Paofai. Le Tavini, quant à lui, a rendu hommage aux Tahitiens morts en 1844, à la stèle de Tavararo. Le président Moetai Brotherson et le Haut-commissaire ont assisté aux deux cérémonies. Mais que célèbre-t-on exactement le 29 juin ?

Chaque année, le 29 juin divise la classe politique et cette année, particulièrement. 

L'année dernière encore, le Pays avait organisé, après la cérémonie officielle, un bal populaire, des spectacles de danses et des concerts, à Papeete.

Cette année, la majorité a changé. Le Tavini n'a jamais célébré ce jour, jour de deuil, pour le parti indépendantiste, marquant la "colonisation" de la Polynésie par la France. La fête de l'autonomie n'est pas annulée, mais beaucoup moins visible.

Le 29 juin en petit comité autonomiste

Dans la matinée, quelques maires autonomistes des Îles du Vent, Edouard Fritch en tête (mais aussi Michel Buillard, Anthony Jamet ou encore Teura Iriti) avaient pris l'initiative d'organiser une cérémonie à la stèle de l'autonomie, dans les jardins de Paofai, à Papeete. Gaston Flosse, père de l'autonomie, le Haut-commissaire Eric Spitz, le sénateur Teva Rohfritsch, le président Moetai Brotherson et quelques membres de son gouvernement étaient également présents. 

La cérémonie a duré 30 minutes : lever des drapeaux, discours d'Edouard Fritch et dépôt d'une gerbe.

Le 29 juin version indépendantiste

Dans l'après-midi, c'est la traditionnelle cérémonie organisée par le Tavini, à la stèle de Tavararo, à Faa'a. Mais cette fois et contrairement aux années précédentes, le président du Pays, Moetai Brotherson, et quelques membres du gouvernement y assisteront, de même que le Haut-commissaire qui doit aussi y déposer une gerbe à 16h. C'est la toute première fois qu'un Haut-commissaire assiste à cette cérémonie. Dans son discours, Eric Spitz a assuré qu'il est possible de commémorer cette page de l'Histoire "sans oublier les liens forts" entre la Polynésie et la France. Il a appelé à "aller de l'avant" et à "ne pas rester emprisonnés dans le passé".

Pour la première fois, le Haut-commissaire participe à la commémoration de la stèle de Tavararo.

Une marche partie de la mairie doit rejoindre la stèle aux alentours de 18h. Outre les prières et les chants, les élus Tavini prononceront un discours.

Deux lectures de l'Histoire

Prise du fort de Fautaua, le 17 décembre 1846, lors de la guerre franco-tahitienne.

Chaque année, le Tavini y commémore les "Tahitiens morts en 1844 pour avoir défendu leur île et leur liberté. » Oui mais voilà, la date du 29 juin n'a rien à voir dans cette page d'histoire. Le 17 avril 1844, la guerre franco-tahitienne à Mahaena avait fait une centaine de morts dans les rangs tahitiens et 15 du côté des soldats français.

Jusqu'en 1847, la reine Pomare IV et une partie de la population entrent en résistance armée contre l'intervention de la France, qui tente d'annexer les terres polynésiennes, alors sous influence britannique.

Tahiti perd la guerre le 17 décembre 1846, lors de la bataille de Punaruu, avec la prise du Fort de Fautaua. Mais la France ne peut pas annexer les îles pour autant, toujours sous influence britannique. C'est le temps du Protectorat.

Pomare V

Le 29 juin 1880 symbolise la date de signature du traité d'annexion de la Polynésie à la France par le roi Pomare V, dernier souverain de Tahiti, en échange d'une rente viagère et du maintien des symboles de sa royauté. Cela signifie que tous les territoires dépendants de la couronne de Tahiti sont cédés à la France et que tous les sujets deviennent des citoyens français. C'est alors le début des Etablissements Français d'Océanie (EFO) jusqu'en 1957.

Quoiqu'il en soit, ce jour est devenu férié en 1985, à l'initiative de Gaston Flosse, lors de la première fête de l'autonomie.