C'est un rituel depuis deux ans maintenant pour cette famille. Ici, les deux grands parents nécessitent une prise en charge à longueur de journée. Entre le bain, les repas, les médicaments, il a fallu s'organiser. Pour Nicolas et sa mère, pas question de laisser une tierce personne s'occuper des grands parents. « Au début non, je travaillais au magasin pas loin, retrace Nicolas. Après, à la longue, la situation s'est aggravée. Du coup, j'ai décidé d'arrêter et de prendre moi-même la relève. Deux cas à gérer pour moi, c'est difficile ».
Des gestes qu'ils ont appris avec le temps sans aucune formation. Mais au-delà du travail et de la fatigue qu'ils endurent parfois, pour eux c'est un devoir de s'occuper de leurs aînés. Victime d'un AVC en 2017, la doyenne de la famille ne peut plus se déplacer seule, elle est alitée. Son mari, lui, est atteint de la maladie d'Alzheimer. Il nécessite une attention permanente. « Je ne fais que ça de mes journées, de lundi à dimanche H24, explique Nicolas. Il n'y a pas de repos. Quand l'un se repose l'autre prend la relève. Ça a toujours été comme ça, mais j'ai pris l'habitude ».
Le Matahiapo, vecteur de savoir
Si s'occuper de ses aînés reste une priorité pour une partie de la population, la transmission également fait partie de leur quotidien. Dans le foyer de mamie Vanaa, 83 ans, la transmission du savoir sur l'artisanat n'est pas en option pour ses petites filles. Même avec un petit problème de motricité, ces moments-là sont très importants pour elle. « Je suis heureuse parce que j'ai pu transmettre mon savoir à mes petites filles ; mais aussi à mes arrière-petits-enfants déclare Mamie Vanaa ».
En Polynésie 13% de la population a plus de 60 ans. Si les maisons de retraite sont une alternative pour certaines familles, au fenua, le matahiapo garde encore une place importante.